François Panchout
Morphologie d’un insecte - les ailes
mercredi 16 mai 2007
par Didier Roustide , François Panchout





Les insectes, comme les oiseaux, sont pour la majorité d’entre eux capables de voler. Cependant, la structure des ailes est totalement différente. Chez les oiseaux, les ailes ne sont en fait que les pattes antérieures recouvertes de plumes. Chez les insectes par contre, les ailes sont des organes à part entière fixés sur le thorax au niveau des métamères thoraciques 2 et 3 (respectivement le mésothorax et le métathorax). Ces ailes manquent néanmoins chez tous les juvéniles, les nymphes (où parfois elles existent mais sans être fonctionnelles). Elles sont constituées de deux couches cuticulaires assemblées et soutenues par un ensemble de nervures. Les principales contiennent des trachées, de l’hémolymphe et des fibres nerveuses. Au moment de la mue imaginale, les ailes sont molles et froissées. Les nervures sont alors rapidement remplies d’hémolymphe, ce qui permet de les déployer avant que la cuticule ne durcisse.

Comme pour les pattes où l’appareil buccal, les ailes présentent une spécialisation très développée. Cela conduit à de grandes différences dans leur forme et leur utilisation. Ainsi, l’aptitude au vol rapide et de longue durée s’accompagne d’un développement identique des ailes (où l’ancienne classe des isoptères : [iso] identique et [ptère] aile) afin d’augmenter la surface portante et l’agilité dans le vol. C’est notamment le cas des Odonates (les Libellules - Cf. figure ci-dessous).

Ailes droite antérieure et postérieure de Libellule (Odonate Anisoptère)

Dans certains cas, il y a réduction ou modification d’une paire d’aile. Cette transformation peut consister en un épaississement de la cuticule de l’aile antérieure qui perd alors sa fonction de vol. Chez les Ensifères (les Sauterelles - Cf. photo ci-dessous) par exemple, l’aile antérieure s’est épaissie, bien qu’encore semi transparente. Son rôle est de protéger l’aile postérieure très développée et très souple, adaptée au vol. Elle permet aussi, chez les criquets colorés, de cacher les couleurs éclatantes des ailes postérieures. Ainsi, quand le criquet s’envole, ses ailes oranges, bleues ou rouges sont exposées à la vue de tous. Les prédateurs fixent alors dans leur mémoire cette tâche colorée. Hors, dès que le criquet se pose au sol, la couleur disparaît. Le criquet est alors protégé par sa couleur cryptique.

Ailes droite antérieure et postérieure de Sauterelle (Ensifères)

Chez les coléoptères (Cf. photo ci-dessous), la paire d’ailes antérieures est fortement épaissie au point de devenir rigide et totalement opaque. On l’appelle alors un élytre. Plus encore ici, le rôle protecteur est dominant. De part leur mode de vie qui est souvent terrestre (et même parfois aquatique), c’est la résistance qui a été préférée à la fuite (comme chez les libellules). Les ailes postérieures ne servent parfois plus car les élytres sont soudés chez certaines espèces. Les élytres jouent aussi un rôle d’identification par leurs ornementations et leurs couleurs qui peuvent aller du bleu métallique au noir le plus profond et de la structure la plus lisse à la plus complexe.

Ailes droite antérieure et postérieure de Coléoptère

Chez les lépidoptères, les ailes ont un double rôle. Elle permettent non seulement le vol mais en plus chez certaines espèces, elles jouent un rôle protecteur face aux prédateurs. Tout d’abord, le mouvement des ailes est particulier car les ailes antérieures sont couplées aux postérieures. Chez les papillons de nuit (hétérocères), c’est une soie de l’aile postérieure qui vient se loger dans un réceptacle (le rétinacle) et qui assure ainsi la bonne coordination des deux ailes. Chez les papillons de jour (rhopalocères), c’est simplement le large recouvrement des deux ailes qui fait office de couplage. Le rôle protecteur, quant à lui, provient des ornementations produites par les écailles qui recouvrent les ailes. Les dessins peuvent être multiples mais le but est le même : effrayer les prédateurs éventuels et se faire reconnaître par le sexe opposé. La comète de Madagascar ou le Grand paon de nuit de France montrent par exemple sur la face interne (qui est donc exposée quand les ailes sont ouvertes) de grandes ocelles qui, dans la nuit, peuvent faire penser à de très grands yeux de chouette. La mise en garde peut aussi provenir des couleurs. En effet, des couleurs très vives sont souvent signe de toxicité. C’est notamment le cas du Monarque américain qui n’est comestible pour aucun animal.

Ailes droite antérieure et postérieure de Lépidoptère

Les deux paires d’ailes des papillons ainsi que le corps sont recouverts d’écailles. Se sont en fait des soies qui se sont modifiées en s’aplatissant. Ces écailles sont finement striées ce qui leur donne une certaine rigidité. Ces striures permettent chez certains papillons (chez les Morpho par exemple) d’obtenir des effets de lumière grâce au multiples réflexions qui peuvent alors se créer.

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Structure des ailes de Lépidoptères

Remis en ligne par Didier Roustide et Arno Szwab
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