[Pyrophaena rosarum] Question pour un champion

[Oryctes]

Oryctes : France : Villeneuve-d'Ascq : 59650 : 07/06/2024
Altitude : 41 m - Taille : Non mesuré (7-8 mm ?)
Réf. : 352629

Bonjour,
Il y a des rencontres qui vous laissent des regrets : par exemple quand on a croisé un insecte supposé intéressant et qu'on l'a loupé ou très mal photographié... Ce syrphe je l'ai vu passer près de moi et j'ai juste eu le temps de prendre cette photo en vol. Photo insatisfaisante qui n'en montre pas assez pour identifier facilement l'insecte mais qui en montre trop pour laisser tout de suite tomber l'affaire, la question posée étant simplement : quel est le syrphe (mâle, je pense) présentant deux (et seulement deux) taches jaunes de cette forme et de cette taille à cet endroit d'un abdomen noir, fin et plutôt brillant ? Ne trouvant pas la réponse dans mes souvenirs j'ai entrepris un tour complet et attentif de la galerie des Syrphidae (ce n'est pas la première fois) et j'en suis revenu avec deux timides idées : 1) Pipiza noctiluca mais les deux taches ne me semblent pas au même niveau chez Pipiza (plus antérieures) et l'abdomen me paraît plus large 2) Pyrophaena rosarum dont je n'avais jamais entendu parler, peut-être rare mais dont les deux taches me semblent mieux placées (?) Deux idées seulement et une bonne dose d'incertitude. D'où mon appel aux champions de l'identification des syrphes : qu'en pensez-vous (s'il est possible de formuler un avis) ? Merci de bien vouloir vous pencher sur cette photo peu loquace. Je précise que la rencontre a eu lieu dans une friche située près d'une grande mare.
Dominique

[Drolf]

Eh bien tu as de la chance, cette espèce est si caractéristique qu'une photo en vol comme celle-ci suffit à l'identifier avec certitude, le milieu que tu décris correspond très bien à l'habitat de l'espèce qui plus est. Et tu t'en es plutôt très bien sorti avec le peu de critères visibles, puisque l'une de tes propositions est la bonne !
Il s'agit de Pyrophaena rosarum

[Oryctes]

Merci Florian. Si mes parents ne m'avaient pas enseigné la modestie tous azimuts (à une époque où c'était encore une qualité), je me déclarerais presque fier de cette déduction qui se révèle juste Je m'en suis "bien sorti" mais j'ai quand même bossé (toute la galerie, ça prend du temps). Je me disais bien qu'il ne devait pas y avoir des quantités de possibilités avec ces deux seules taches posées à cet endroit de l'abdomen et que quelques champions des syrphes sur le forum auraient la solution, c'est ce qui m'a incité à chercher : Pyrophaena rosarum donc, un inconnu (pour moi) qui devient à moitié connu désormais et que j'aurai(s) plaisir à retrouver un jour si l'espèce s'y prête : serait-ce un de ceux qui se posent très rarement ou très brièvement, d'où leur apparente rareté ?

[Drolf]

Je n'ai probablement pas assez de recul sur cette espèce car je l'ai surtout vue de captures par tentes Malaise, mais elle se pose, il faut scruter la végétation en bordure de milieux aquatiques. Je ne pense pas qu'elle soit spécialement "rare" (en tout cas dans la moitié nord de la France, je ne l'ai jamais vu dans le Sud-Est), mais seulement sténoèce et localisée dans les zones humides. Son apparente rareté traduit probablement plus un manque de prospections.

[inachis ax]

Tiens, je ne connaissais pas du tout cette espèce, j'ouvrirai l’œil dans les zones humides désormais.

[latique]

Avant il s'appelait Platycheirus rosarum

[Oryctes]

Pas trop étonné de cette synonymie, c'est bien l'allure générale des Platycheirus.
"Scruter la végétation en bordure de milieux aquatiques", je le fais déjà, c'est même une de mes activités préférées ! : Syrphidae, Dolichopodidae, Ephydridae et bien d'autres familles, beaucoup de belles rencontres possibles autour des plans d'eau. Pour autant, pas plus qu'Axel (qui a, pourtant, je crois, une solide expérience) je n'avais aperçu ce syrphe.
J'ai appris deux nouveaux mots : "sténoèce" et son contraire "euryèce", deux mots intéressants car décrivant des situations bien précises. Ayant lu la définition de l'adjectif "sténoèce" je me dis qu'il serait logique qu'un syrphe sténoèce, avec de telles exigences, soit moins souvent présent et visible (et certainement plus fragile voire plus menacé) qu'un syrphe beaucoup plus accommodant quant aux conditions de vol. N'est-ce pas le cas ? Merci, en tout cas, pour vos commentaires.

[Drolf]

Tu as tout à fait raison quant à ta dernière interrogation. Reste à définir ce qu'on met derrière le terme "rare", car une espèce sténoèce n'est pas forcément rare quand on la cherche au bon endroit (son optimum écologique)
Mais c'est sûr qu'à l'échelle d'un territoire, elle sera plus localisée et moins fréquente qu'une espèce euryèce. Globalement, un certain nombre d'espèces données comme "rare" le sont beaucoup moins quand on sait comment et où les chercher. Ce qui n'empêche pas d'autres de rester "rares" même en sachant cela, soit parce qu'elles sont peu abondantes même dans leurs milieux de prédilection et qu'il faut arriver à tomber dessus, soit parce qu'on ne sait pas réellement bien les chercher actuellement, soit parce qu'elles sont réellement restreintes à quelques stations très localisées.

[Oryctes]

OK, bien compris ce que tu décris, les nuances au sein même des précisions, tout cela clairement expliqué (et ce n'est pas facile)