[Cercopis vulnerata] Pas de chance ????

[Edessa]

Alors là chapeau! la photo avec la goutte dans les airs: fantastique!

J'ai déjà observé ce phénomène chez les pucerons (Aphididae), et je pense que cela doit être semblable chez les Cicadellidae et les Cercopidae qui sont proches, et faisant partie de l'ex-ordre des Homoptères.
Les Homoptères ont un appareil piqueur et se nourrissent de la sève des plantes (le Cercopis immobile que tu as observé est en train de se nourrir avec son rostre dirigé vers l'arrière). La sève est riche en sucres, mais pauvre en acides aminés essentiels pour produire des protéines constitutives du corps. Pour avoir leur "dose" d'acides aminés, les Homoptères sont obligés d'absorber plusieurs fois leur masse corporelle de sève par jour. Les sucres de la sève ne sont que très peu absorbés, et principalement excrétés.

A poids égal, c'est comme si on devait boire et éliminer 200 litres de liquide sucré par jour (3 fois son poids). Evidemment, cela implique d'être équipé pour éliminer le surplus. En plus, ces excrétions (miellat) sont très collantes, et pour ne pas rester englué dans sa crotte, il s'agit de ne pas se faire dessus!
Deux stratégies ont été développées pour éviter cela: se faire aider par des Hyménoptères (fourmis et abeilles récupèrent à la source les gouttellettes de miellat pour se nourrir, parfois en échange d'une protection) ou catapulter les gouttes de miellat au loin (surtout si on vit en groupe).

Chez les pucerons, la cauda au bout de l'abdomen est une sorte d'appendice catapulte qui sert à cela. La gouttellette est émise à l'extérieur et repose sur la cauda, si personne n'est là pour la récupérer, un petit coup de patte pour armer (comme on le ferait avec une petite cuillère qui servirait à projeter de la purée) et hop la gouttellette se retrouve à quelques centimètres.

Je pense que l'appendice rouge du Cercopis est l'équivalent de la cauda des pucerons. Pas de différence entre mâle et femelle pour ça, et évidemment il n'y a pas d'oeufs dans la gouttellette.
En ce qui concerne les crachats de coucou, ce sont les larves qui le produisent pour se camoufler. Il s'agit aussi de leur excrétions, qui sont associées probablement à certaines protéines pour former une mousse stable en étant battues en neige par les appendices abdominaux de la larve.

[SpinH]

Merci pour ces explications.

C'est vrai qu'en regardant bien les photos, j'observe 7 contacts avec le support. J'avais manqué le rostre. Je comprends mieux maintenant comment une telle quantité peut être "liquidée".

Encore une question :

Ma femme en a observé un autre sur une autre plante (cercopidé, même livrée à priori - pas de photo), et la fréquence des expulsions était beaucoup rapide (moins de 5 secondes).

Ce débit est-il uniquement lié au débit de la sève de la plante ?
Ou bien est-il "bridé" par la capacité d'extraction des acides aminés de la sève ? Est-ce qu'on a une idée du "rendement" ?

[Edessa]

Je ne sais pas trop, et je ne sais pas si c'est connu

Soit c'est la pression de la sève dans la plante qui définit la vitesse d'excrétion (jusqu'à une certaine limite), soit l'insecte régule lui-même la pression en fonction de sa satiété?

Je sais que les Cigales (Cicadidae) piquent les végétaux en profondeur dans le xylème pour récupérer de la sève brute, et les Cicadellidae et Sternorrhyncha (Pucerons, Aleurodes, cochenilles, Psylles) moins profond dans la sève élaborée.
Les Cercopidae, peut-être plus proches des Cicadidae que des Cicadellidae, piquent les plantes sur des parties assez ligneuses également, peut-être est-ce le signe d'un prélèvement de sève brute? Je ne sais pas, il faudrait faire des recherches biblio plus approfondies...

[Bozo]

A l'occasion de recherches de discussions à propos des Cercopis, je tombe sur ce vieux post.

on trouve je crois la pie grièche qui a tendance à embrocher des proies ....

Je confirme, et souvent selon cette configuration ...

Voici un autre exemple (je n'ai pas vu la pie-grièche l'embrocher, mais elles étaient présentes dans le secteur :

[Lien mort supprimé]

... et la pie-grièche est considérée comme un sacré prédateur d'insectes