Hello. Mes tentatives de réponse à tes questions
Biopmer a écrit :2 observations dont je ne sais pas si elles ont un intérêt...
- L'émergence du parasitoïde semble être légèrement postérieure (en moyenne évidemment) à celle de l'espèce-hôte, en effet, j'ai trouvé la semaine dernière issus de la même nasse une quinzaine d'imagos de Clytus et 5 Wroughtonia (émergences sur une période de 3 semaines), aujourd'hui je trouve dans le même bocal 6 ou 7 nouveaux hyménos et aucun cerambycidé (attendons néanmoins encore un peu pour voir ce qui se passe...). Ceci peut sans doute permettre au parasitoïde de trouver plus facilement des pontes de son hôte...
Si on traduit tes observations, si j'ai bien compris, tu as sur le même site un parasitisme "effectif" (= ayant abouti à l'
émergence d'un
parasitoïde adulte) de 33% environ d'abord, puis de 100% car aucun hôte adulte pour le moment. Il y a pour moi deux phénomènes :
- d'abord une différence de temps de développement, le
parasitoïde se développant plus vite que l'hôte, et tu risques d'observer des Cerambycidae qui vont émerger un peu plus tard
- Ensuite, une pression du
parasitoïde croissante. L'hôte prolifère tout d'abord lorsqu'il s'installe sur une nouvelle ressource (le figuier). Cette croissance de la population de l'hôte provoque un accroissement des stimuli utilisés par le
parasitoïde, qui le traduit comme un accroissement de sa ressource disponible (le Clytus). C'est donc au tour du
parasitoïde de voir sa population locale croître, entrainant une chute de celle de son hôte. Et boum on tombe dans un cycle d'alternance écologique sinusoïdale, ce qui a fait l'objet de nombreuses modélisations en dynamique des pops.
Biopmer a écrit :- J'ai par ailleurs récolté un nombre bien plus grand de Clytus arietis (150 environ) issus de bois de figuier qui ont été stockés avant mise en nasse à une cinquantaine de mètres du bois de noisetier, mais aucun Wroughtonia dans ce cas. Le parasitoïde peut-il préférer certaines essences ? Peut-il être "gêné" par la présence d'autres animaux (très forte présence dans ce cas de Scolyte du figuier -Hypoborus ficus-, et aussi quelques micro-hyméno, sans doute parasitant le scolyte) ? Ou alors, plus probablement, s'agit-il d'un hasard ou d'un phénomène inexplicable faute de connaissances ?
Mais peut-être ces 2 éléments peuvent-ils être confrontés à d'autres obs...
La distance en termes absolus ne semble pas en cause, cinquante mètre pour un Braco comme W. spinator je pense que ça ne représente pas grand chose. Plusieurs hypothèses non exclusives :
- A mon avis, la cause principale est que l'hôte est cette fois sur une autre essence. Pour localiser son hôte, le
parasitoïde va d'abord suivre des "odeurs" émises par le micro-habitat de l'hôte, en l'occurence l'arbre qu'il est en train de grignoter. Et il est tout à fait envisageable que W. spinator préfère les figues aux noisettes.
- Peut être aussi que le noisetier soit lui même placé dans un habitat moins favorable au
parasitoïde : même à 50m, beaucoup de choses peuvent changer (plus ou moins de lumière, plus ou moins de prédateurs, plus ou moins de ressources alimentaires...)
- Autre factuer possible, un peu plus complexe à simplifier, c'est ce que l'on appelle l'exploitation d'un patch d'hôte par le
parasitoïde. Grosso modo, il est content sur son figuier parce que la ressource n'est pas encore limitante. Donc il n'est pas encore poussé à aller chercher ailleurs.
- Et enfin, n'oublions jamais le hasard, qui est toujours inclus dans le raisonnement biologique.
Heureux celui qui sait rire de lui-même, car il n'a pas fini de s'amuser.