[Megachile (Chalicodoma) pyrenaica] Chalicodome des hangars : le retour

Guêpes, abeilles, fourmis... ces insectes qu'ils soient solitaires ou sociaux sont toujours autant sources d'observations...

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pierred
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[Megachile (Chalicodoma) pyrenaica] Chalicodome des hangars : le retour

Message par pierred »

Bonjour,

L’abeille maçonne des hangars est revenue
Des nids d’une espèce dont on avait perdu la trace ont été trouvés dans la Drôme, probablement en raison d’une plus faible utilisation de pesticides et de la culture du sainfoin.

Par Lise Barnéoud Publié hier à 14h00

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https://www.lemonde.fr/sciences/article ... 50684.html

Pour une bonne nouvelle, c’en est une. Alors que certains la cherchent désespérément depuis plus d’un demi-siècle, une abeille sauvage vient d’être retrouvée dans le pays diois, au cœur de la Drôme. Et quelle abeille ! Il s’agit de l’espèce vedette du célèbre naturaliste Jean-Henri Fabre (1823-1915), celle qui lui permit d’échanger avec Charles Darwin. Une espèce devenue mythique pour des générations d’entomologistes : l’abeille maçonne des hangars, c’est pourquoi elle est aussi appelée chalicodome des hangars ou Megachile pyrenaica.

Dans le Vaucluse de Jean-Henri Fabre d’il y a cent cinquante ans, il s’agissait de l’un « des hyménoptères les plus abondants au mois de mai ». Si abondant qu’il était nécessaire de démolir périodiquement ses nids volumineux, construits sous les tuiles ou les poutres, au risque de voir les toitures s’écrouler ! Mais, en l’espace d’un siècle, les populations se sont effondrées, les toits sont devenus déserts et silencieux. « Lorsque j’étais petit, au début des années 1970, j’ai lu les histoires de Fabre et me suis mis en tête de reproduire ses observations avec cet insecte extraordinaire, se souvient Vincent Albouy, actuellement coordinateur d’une étude sur les abeilles mellifères sauvages à l’OPIE, l’Office pour les insectes et leur environnement. Sur mon vélo, j’ai sillonné tout l’est de l’Ile-de-France, mais pas le moindre chalicodome. »
Des toits devenus déserts
Cet ancien attaché au Muséum national d’histoire naturelle n’aura cessé de les rechercher, retournant sur les pas de Fabre dans le Vaucluse. Sans jamais croiser la route de ces abeilles noires, qui ont la particularité de butiner non seulement des fleurs mais aussi… les sols caillouteux pour maçonner leur nid. En 1997, le conservateur de l’ancienne demeure de Fabre, l’Harmas Jean-Henri-Fabre, à Sérignan-du-Comtat, lui indique que ces insectes ont disparu de la région dans les années 1970. En cinquante ans de recherches actives, Vincent Albouy parviendra à dénicher quelques spécimens d’une autre espèce d’abeille maçonne, celle dite « des murailles ». Mais jamais de nids vivants de l’espèce des hangars. Et ce, malgré un appel à témoin lancé en 2010.

Nid de chalicodomes des hangars, près de Menglon (Drôme), en mai. PHILIPPE HAERINGER

Six ans plus tard, Philippe Haeringer, installé à Saint-Roman, dans la Drôme, découvre l’appel et réalise que certaines des abeilles qu’il observe sur sa colline sont introuvables ailleurs. Ce géographe, ancien directeur de recherche spécialisé dans les mégapoles, a créé sur quelques hectares un véritable petit conservatoire naturaliste. « Je suis passé des multitudes mégapolitaines à celles des petites bêtes », résume-t-il. Parmi les 2000 espèces dont il restitue le comportement, parfois heure par heure, dans des chroniques publiées dans la revue Etudes drômoises, figurent deux abeilles maçonnes : celle des murailles et celle des arbustes, toutes deux devenues rarissimes. « Je ne voulais pas répercuter en haut lieu ma découverte, sans avoir vérifié qu’elle concernait non seulement ma modeste colline, mais le Diois tout entier », retrace Philippe Haeringer. En 2016, il publie une annonce dans le Journal du Diois et de la Drôme. Et c’est ainsi qu’il met la main sur deux « bourgades » de chalicodomes des hangars.
Arrêté de protection
« C’est la première fois que je vois ce que Fabre devait voir », s’enthousiasme Vincent Albouy. Face à lui, une étrange construction de terre apparaît suspendue sous le toit d’un transformateur électrique. On y aperçoit des centaines de trous ronds, d’où entrent et sortent plusieurs dizaines d’abeilles noires. Certaines sont chargées de minuscules graviers pour reconsolider et élargir les nids. D’autres, le ventre jauni de pollen et le jabot gonflé de nectar, plongent dans les cellules pour y déposer leurs précieuses provisions. D’autres encore y entrent à reculons pour déposer leurs œufs dans ces cellules garde-manger. Sous l’impulsion de Philippe Haeringer, la commune de Montlaur a pris un arrêté de protection, interdisant toute intervention sur ce nid. Une première en France. A quelques kilomètres de là, sous un hangar agricole, une autre bourgade, encore plus grande, bourdonne.

Cette redécouverte inédite pourrait avoir deux explications. D’une part, la très faible utilisation de pesticides dans ces communes : ici, le pourcentage de surface en bio peut atteindre plus de 80 %. Et, d’autre part, la présence de champs de sainfoin, dont raffolent ces abeilles sauvages. « Cette légumineuse représentait autrefois le pétrole des hippomobiles, on en trouvait partout. Avec l’arrivée des voitures, sa culture a quasi disparu », commente Vincent Albouy. Mais, d’après l’enquête de Philippe Haeringer, la culture du sainfoin n’aurait jamais été totalement interrompue sur ce territoire, qui fait partie de la « biovallée ». Cette légumineuse connaît même un nouvel essor, partout en France : rustique, elle valorise les sols pauvres et représente un fourrage de qualité, très demandé par les éleveurs. Une bonne nouvelle pour les abeilles maçonnes comme pour l’ensemble des pollinisateurs.

Lise Barnéoud
Pierre D.

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Gilles Jardinier
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Chalicodome des hangars : le retour

Message par Gilles Jardinier »

Merci Pierre,
très bonne nouvelle ... et une petite source d'optimisme.
Mais ce n'est pas "le retour", plutôt des survivantes dans un îlot préservé. Il doit y en avoir d'autres,
le haut-Diois compte beaucoup de vieilles fermes, assez isolées, ...
Dans les années 70, c'était plein de fermes abandonnées, et même des hameaux en ruine, comme en Ardèche,,
qui se vendaient pour une bouchée de pain :wink:

Enfin, si EDF gère ses Centrales nuc' comme ses transformateurs ruraux, on peut s'inquiéter :lol:
jardinons nos villes
Trana
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Chalicodome des hangars : le retour

Message par Trana »

Bravo à tous !
:0024: :0024:
Dge
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Chalicodome des hangars : le retour

Message par Dge »

cf. viewtopic.php?f=3&t=105313&p=1594929#p1594929

faut relativiser le sensationnel des journalistes. L'espèce est connue du lot, de Dordogne, de Gironde, des PA, et de tous les départements du pourtour méditerranéen, Ardèche comprise (au moins dans le nord jusqu'à Lamastre) et méfiance aussi avec Megachile rufescens ; j'ose juste espérer que ça a été vérifier avant les tambours et trompettes parisiennes...

De voir un tel pataquesse ça me rend plus triste pour la nature humaine que heureux pour l'abeille elle même...

David
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pierred
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Chalicodome des hangars : le retour

Message par pierred »

Bon, j'ai eu tort de répercuter cet article sans vérifier...
Mais j'avoue que l'intervention de V. Albouy m'a eu.
Il me semblait jusqu'ici être une référence.
Pierre D.
Dge
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Chalicodome des hangars : le retour

Message par Dge »

Après on connait pas le contexte. Elle lui pose 3 questions, il répond, elle fait son article mais ça aurait au moins mériter d'approffondir via le réseau d'observateurs du nord au sud parce qu'on en a des tartines de données même si on souffre de l 'absence de vraies synthèses carto sur les espèces- c'est en projet mais une équipe de mammouth avec des structures et nos esprits pleiocéniques c'est pas facile :D dur de tirer à la fois sur la corde et sur l'ambulance.
David
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