Liliane de Sardan a écrit : vendredi 26 juin 2020, 9:59
Linnaeus a déterminé l'espèce O. kalmii en 1758. Il a bien du trouver des critères pour la distinguer des autres ! Et comme ce n'était pas la mode des genitalia, c'était forcément autre chose.
ça, rien n'est moins sûr, seulement 2
Orthops (
kalmii et
campestris justement) ont été décrits par Linné sur les 5 espèces connues en France métropolitaine. Les autres espèces ont été décrites de 80 à 100 ans plus tard, ce qui veut sans doute dire que ce n'est pas évident de les différencier justement.
Liliane de Sardan a écrit : vendredi 26 juin 2020, 9:59
J'ai du mal à comprendre comment des espèces identifiées et nommées aux XVIIIe et XIXe siècles ne sont plus reconnaissables aujourd'hui, sauf à les démembrer et à les passer sous la bino, démarches auxquelles les "classificateurs" des siècles précédents n'avaient pas accès !
Est-ce à dire que l'on garde une détermination dont on ne sait pas si elle désigne bien l'espèce que l'auteur a décrite ?
Il faut avoir conscience de la manière dont les espèces sont décrites. La description se fait à partir d'un ou plusieurs individus qualifiés de types dont au moins un qui est défini comme appartenant forcément à cette espèce (on parle parfois de type porte-nom). Ces individus sont généralement conservés précieusement dans les collections des musées d'histoire naturelle car c'est sur eux que repose la définition de telle ou telle espèce (un type porte-nom perdu => nommer un
néotype, ce qui peut poser tout un tas de problèmes sur la définition d'une espèce). A partir de là, rien ne certifie
a priori qu'un individu ne faisant pas partie des types appartient à la même espèce que ceux-ci. Et même parmi les types, il peut se cacher
a posteriori plusieurs espèces, donc on nomme à présent un seul
holotype (unique type porte-nom) ou un seul
lectotype (dans le cas où il y avait plusieurs types porte-nom pour une espèce déjà décrite) lors de la description (ou de la redescription). C'est cet individu qui définit l'espèce (en en portant le nom) et qui servira de
base à déterminer tous les autres. Avec un ou plusieurs types (y compris des
paratypes ou paralectotypes qui ne sont pas des spécimens définissant véritablement l'espèce), on cherche des critères permettant une
diagnose différentielle entre plusieurs espèces proches. Au départ, cela se faisait juste avec des critères morphologiques externes, ce qui fait que l'on loupait tout un tas d'espèces. Maintenant, les
genitalia sont examinés presque systématiquement pour trouver des critères d'identification, et on regarde aussi de plus en plus des critères moléculaires (ADN mitochondrial, plus rarement ADN cellulaire ou chaines de protéines), sans compter les
stridulations quand elles existent, etc.
Bref, pour simplifier, une espèce est définie désormais par un seul individu appartenant
a fortiori à celle-ci et par une limite floue. Le travail des taxonomistes est principalement de déterminer les limites entre différentes espèces. Mais comme la définition d'une espèce est assez floue, ces limites peuvent changer d'années en années au fil de découverte de nouveaux critères d'identification et de nouvelles espèces.