Bonjour,
et merci à Henri pour son assentiment.
Je m'aperçois que je vous ai donné ma détermination de l'espèce sans explications. J'apporte donc quelques précisions.
Depuis plusieurs années, je passe quelques semaines en été en Chartreuse. J'ai donc eu tout loisir de m'intéresser aux grosses bébêtes qui s'y trouvent, notamment les
Rosalia alpina, les
Rhyssa et les
Urocerus gigas.
Celle qui fait l'objet de ce fil, je l'ai vue également à plusieurs reprises.
Elle fait bien partie des Siricidae, au vu de la morphologie générale avec
tarière et de la protubérance située au bout de l'abdomen.
D'emblée, elle m'a parue bien différente des
Urocerus, car plus mince et de couleur foncée. Idem pour les
Tremex. Quant aux espèces du genre
Sirex, elle s'en distinguait par la longueur de l'
oviscapte et par l'aspect moins trapu.
Ces remarques générales faites à partir de la galerie et des photos du net, j'ai récemment découvert l'ouvrage de BERLAND (p. 70 sqq.) et la clé dichotomique qu'il donne des Siricidae.
Les antennes sont fines et longues (22 articles), ce qui exclut le genre
Tremex, même sans avoir de détails dans la structure de l'aile.
Pour le tibia III, je vois bien un
éperon, mais sur certaines photos, je ne suis pas certain qu'il n'y en ait pas un second. En revanche, la
tarière est aussi longue que le corps, alors qu'elle est très courte chez les
Sirex et courte chez les
Urocerus.
On arrive donc bien au genre
Xeris, avec les seuls critères longueur d'antenne, longueur de
tarière, coloration sombre. Comme il n'y a qu'une espèce (pour le moment ?) dans ce genre, il n'y a pas de difficulté à affirmer qu'il s'agit de
Xeris spectrum.
Dans la fiche détaillée p. 73, BERLAND signale "une tache jaune derrière chaque œil et une bande jaune de chaque côté du
pronotum". Il s'agit en fait de la bande d'aspect écumeux que j'ai mentionnée ; elle est blanche, mais jaunit peut-être dans les collections. C'est à mon avis un critère très discriminant dans la famille.
Enfin, BERLAND signale la Grande-Chartreuse (terme peu précis, désignant soit le Monastère lui-même, soit, comme dans le parler populaire, le Massif entier) parmi les lieux où l'insecte a été trouvé. Or, le specimen photographié se trouvait à moins de 3 km à vol d'insecte du Monastère. On voit que la population s'est bien conservée !
Pour la petite histoire, il est évident que le genre
Xeris (Costa, 1894) a été créé par anagramme et pour se démarquer du genre
Sirex. Mais je pense aussi qu'il fait allusion à l'aspect moins charnu, plus "sec" de l'insecte (grec xeros). Quelqu'un sait-il si COSTA a expliqué le choix de ce nom ?
Trana