Nos collègues étrangers, aussi bons soient-ils (Martens, Wijnhoven, Muster, Schönhofer, etc.) ne possèdent visiblement pas mes données actuelles (et j'ai encore des spécimens à étudier et donc des découvertes à faire), ce qui paraît logique puisqu'ils travaillent principalement sur l'étude d'autres pays et que je me suis avant tout spécialisé dans l'étude la faune de France. Certaines espèces de France ont une répartition bien plus large que celle qu'ils connaissent actuellement. Martens (1978) a régulièrement des difficultés avec l'orthographe de nos villes et se trompe aussi parfois de département ou de région et si certaines espèces sont bien connues (la répartition colle parfaitement avec ce qu'il avançait pour
Dicranolasma soerensenii, par exemple), pour d'autres ce n'est pas le cas et il est parfois bien utile d'utiliser des termes généraux : largement répandu partout en Europe Centrale, par exemple. Martens était par exemple étonné de la répartition de
Platybunus pinetorum dans le 78 et je pense qu'il aura d'autres surprises du même genre lors de la publication de mes données l'année prochaine.
En ce qui concerne
Astrobunus laevipes, sa répartition est importante par ailleurs, comme me le rappelait si justement Etienne Iorio hier soir, pourquoi pas en France :
http://www.spiderling.de/arages/index2.htm
Etienne Iorio précise : "Ils (certains articles ci-dessous et le site ci-dessus) nous rappellent si besoin que A. laevipes a une répartition tout de même franchement étendue en Europe centrale et septentrionale (voire même pas mal vers le nord-ouest de l'Allemagne, jusqu'aux Pays-Bas), et vont aussi dans le sens d'une distribution verticale plutôt planitiaire/collinéenne tout en pouvant aussi être présent à altitude plus élevée. Donc en somme, une distribution verticale visiblement quand même nettement plus large que
A. bernardinus (qu'il me semblerait étonnant de trouver vraiment en plaine, plutôt au moins en collinéen minimum, et préférentiellement en montagnard/sub-alpin ; même si à prendre avec pincettes comme déjà dit). Bliss (1991) dit même que laevipes est "
thermophile". A prendre avec des pincettes par rapport aux différences climatiques entre l'Allemagne centrale/orientale, de climat plus rigoureux que chez nous : i.e. un milieu xéro-thermo nord ou est-allemand, est assurément bien moins thermo qu'une pelouse sèche de la vallée du Rhône en Rhône-Alpes! Mais cela permet d'encore mieux supposer que ses préférences écologiques sont probablement larges. Comme on l'envisageait déjà par le passé, je ne serai pas surpris qu'on le trouve dans quelques coins du Nord-Est de la France."
Les articles concernés : Wijnhoven H. 2003 De hooiwagen Astrobunus laevipes nieuw voor Nederland (Opilione : Phalangiidae) Nederlandse Faunistische Mededelingen 19 ; Bliss P. 1991 Neue Funde von Astrobunus laevipes (Arachnida, Opiliones, Phalangiidae) In: Comptes Rendus XIIIe Colloque Européen d'Arachnologie , 2-6 Septembre 1991 - Neuchâtel. Fürst, P.A. & G. Mülhauser (eds.). Bulletin de la Société Neuchâteloise des Sciences Natururelles, Neuchâtel, 116, 1.
Pour ma part, en ce qui concerne la France, je n'ai quasiment rien comme information pour
Astrobunus laevipes et donc tout est à découvrir. Je finissais même par me demander si elle était réellement présente en France à un moment donné. J'ai noté par ailleurs que nous trouvons
A. laevipes en Allemagne, Autriche, Bosnie-Herzégovine, Hongrie, nord de l’Italie, Pays-Bas, Pologne, République de Croatie, République Tchèque, Roumanie, une partie de la Russie, Slovaquie, Slovénie. De ce fait, une répartition plus étendue en France n'est pas choquante.
J'ai commencé à regarder mes spécimens (je ferai bientôt le point avec toi Pascal). J'ai retrouvé une femelle de
A. laevipes d'Ardèche (07), aux Peyrières à Chassiers (altitude de 405 m), près de l'Argentière que j'avais capturé en chasse de nuit en septembre 2010.
Emmanuel