Jean-Michel FATON a écrit :Il faut certainement se réjouir de la création d'une réserve naturelle dans un site d'intérêt majeur

Je ne comprend pas qu'un naturaliste responsable puisse le regretter. Il ne faut rien dramatiser ...
Si un entomo souhaite réaliser une étude dans ce secteur, il lui suffit d'avoir un accord avec le parc et d'obtenir les autorisations nécessaires. Une réserve, ce n'est pas un espace "mort" pour la science, bien au contraire !
Bien cordialement
JM
Ah ah ah. Ca c'est le message officiel que je distille aussi tous les jours. Mais en pratique on s'appreçoit vite que les réserves deviennent les prés carrés de leurs gestionnaires.
Pour preuve, pour les inventaires nationaux, que ce soit d'insectes ou d'autre chose, qui c'est le mauvais élève qui ne répond quasiment jamais au Muséum ? les réserves !
Par contre, ce n'est pas le parc ni le gestionnaire qui délivre des autorisations officielles, c'est le préfet. Autant dire que si ce n'est pas un établissement publique de recherche ou une puissante assoc' locale qui fait la demande, cela reste généralement lettre morte (sans réponse).
Il est très probable qu'ici ce soit le pnr qui soit nommé gestionaire, et alors au moins on aura un retour de données. Mais des autorisations de prélèvement même ciblés, faudra pas y compter.
Le problème, c'est que dans la majorité de l'Europe, France excepté, quand on demande une autorisation, l'organisme concerné se pose cette question "pourquoi je ne devrais pas autoriser". En France, on se demande "pourquoi devrais-je autoriser".
les réserves (protection d'espaces), comme les protections d'espèces, sont un concept qui se prète bien à des animaux de biomasse individuelle moyenne à forte, à cycles pluriannuels, à densité de population faible et à fort pouvoir de déplacement. Mais pour des animaux circulant peu, coincés sur des micro-habitats indescriptibles par les référentiels actuels, à biomasse individuelle ridicule mais populationnelle forte, et à cycles courts, c'est hyper inadaptés. Mais la protection doit être la même que l'on parle de végétaux ou d'animaux. Si ça convient aux oiseaux, les insectes n'ont qu'à s'y faire.
Pour conduire en ce moment l'exercie avec Piezo, on est capable de dresser, pour l'arc Alpin français, une carte super détaillée du chamois, de ses aires de gagnage, de ses déplacements saisonniers... mais on n'a même pas de vague idée de la répartition de Lucanus cervus sur le même territoire, qui est pourtant une espèce banale, facilement repérable et recherchée.
Les réserves sont avant tout faites pour la grande faune et la flore. Mais le mec qui veut aller y étudier bénévolement les annelides se fera refouler. Parce que tout le monde s'en fout, des annelides. Comme des insectes. Mais l'idée d'en prélever au plus 25 grammes (pesez vos insectes, vous verrez que déja, c'est énorme rapporté en imagos), c'est une honte. alors qu'en une seule après-midi de randonnée, le quidam moyen en aura écrasé pour bien plus que cela. En plus, fournir des données insectes, c'est obliger le gestionnaire à les considérer dans son plan de gestion. Et ça, c'est souvent vécu comme une plaie inutile.
Pour terminer Michel, je vais te raconter une histoire pas drôle que j'ai vécu juste avant que Canelle se fasse flinguer.
C'était en juillet, et un ours mâle d'origine slovène tournait vers 1600 mètres d'altitude dans le secteur de Gavarnie. Pour protéger les troupeaux, les éleveurs les ont tous placés à 2000 mètres, sur la zone centrale du parc national. Personne n'a bougé officiellement, la zone centrale a été surpâturée et donc dévastée, plus un seul insectes n'était visible. Ce fut l'hécatombe. Pour autant, l'entomo moyen n'avait pas le droit de ramasser un seul insecte... Actuellement, la politique de préservation fonctionne comme cela. Pour ma part, je suis plus heureux quand une zone bénéficie de mesures d'inventaire ou de conservation ciblée (Natura 2000).