Espèce 6. Le Porcellion monticole, P. monticola.
(Pl. I, fig. 15.)
Caractéristique de l'espèce. Corps allongé, elliptique, peu rugueux; lobe frontal
médian arqué, assez saillant; lobes latéraux proéminents, à angle externe peu arrondi; avant- dernier article des antennes plus long que le dernier; dernier article de l'abdomen profondément sillonné. Deux corps blancs de chaque côté.
Porcellio corpore elongato, elliptico , parum rugoso; processu frontali medio arcuato, sat prominente; processibus laleralibus prominentibus, arcuatis, angulo externo parum rotundato; penultimo antennarum articulo ultimo longiori; ultimi abdominis articuli apice triangulari, distincte et profunde sulcato. Corpora alba utrinque duo.
Description.
Cette espèce ayant beaucoup d'affinité avec le
P. trivittatus, je rappellerai, en la décrivant, les caractères de ce dernier.
Forme générale et dimensions. Corps allongé, ovalaire, comme dans le P. à trois bandes.
Longueur 11 millim.

; 13 millim.
Largeur 5 millim.

; 7 millim.
Hauteur des segments, près de 3 millim.
Tète plus étroite que dans l'espèce précédente; elle avait sur un mâle les 2/5 et sur une femelle les 3/7 de la largeur du corps. Sa longueur n'est contenue qu'une fois et demie dans sa largeur. Elle est couverte de bosselures comme dans
le
trivittatus. L'angle latéral antérieur du 1.er segment dépasse le bord antérieur des yeux.
Yeux gros, disposés comme dans l'espèce précédente.
Lobe frontal médian (pl. III, fig. 71) plus saillant que dans le
trivittatus, arqué comme dans le
P. pictus dont il rappelle parfaitement la forme; ce lobe a un rebord grisâtre clair.
Lobes latéraux assez développés, moins cependant que dans le
trivittatus, déjetés en dehors, arrondis en dedans et en avant à peu près comme dans le
pictus, ayant leur bord externe coupé en ligne droite, ce qui rend l'angle externe plutôt pointu qu'arrondi. Ils ont un rebord grisâtre et une tache gris-clair assez forte en dehors. Ces lobes dépassent le lobe médian et sont à peine contenus deux fois dans la longueur de la tête.
Epistome comme dans le
trivittatus.
Antennes internes. Elles ont la même forme et les mêmes proportions que dans l'espèce précédente, seulement le premier article est un peu plus long.
Antennes externes (pl. III, fig. 72) de même longueur que dans l'espèce précédente. Repliées en arrière, elles atteignent le bord antérieur du 4.e segment, et leur longueur est de 7 millim. sur 13. La saillie interne du 2.e article est un peu plus forte; les proportions des divers articles sont les mêmes, à l'exception de ceux qui composent le filet terminal; ici c'est l'avant-dernier qui est un peu plus long que le dernier, comme dans le
P. pictus. Les 2.e, 3.e, 4.e et 5.e articles sont distinctement marqués de sillons et de côtes longitudinales. Une petite pointe aiguë existe à l'articulation du 3.e article avec le 4.e
Segments thoraciques. Le bord postérieur de ces segments est un peu plus recourbé, ce qui rend plus saillants les angles latéraux postérieurs. Du reste, les segments thoraciques ont la même courbure que dans le
trivittatus (comp.
les fig. 68 et 73) et sont recouverts de bosselures lisses disposées de la même manière.
Région épimérienne un peu plus grande; elle a 1/8 environ de la largeur du corps, tandis qu'elle n'a que le 1/10 de cette largeur dans le
trivittatus.
Pattes. La proportion de la 1.re à la dernière est dans le rapport de 2 à 3 (4 1/2 millim. sur 6 1/2). Les trois paires antérieures sont munies de brosses bien fournies dans les deux sexes, mais chez les mâles plus que chez les femelles. Les pattes sont d'un gris-clair avec des taches et des lignes plus foncées.
Segments abdominaux comme dans le
trivittatus.
Dernier segment abdominal (pl. III, fig. 74) Il diffère entièrement de celui de celte dernière espèce. Sa base, en effet, est assez large, mais la lame triangulaire qui le termine est étroite dès son origine. Cette lame terminale est allongée, médiocrement pointue et creusée dans toute sa longueur d'un véritable sillon très distinct et assez profond. Le dernier segment atteint le 1/3 des appendices externes.
Lames sous-abdominales (fig. 75). Dans la femelle, la 1.re lame (
a) est courte, transversale, à bord postérieur droit. La 2.e (
b) et les suivantes sont beaucoup plus larges à proportion que dans les autres espèces, et chevauchent sur les lames correspondantes de la série opposée.
La pointe postérieure de ces lames est courte et arrondie. Dans le mâle, la 1.re lame (
a') est grande, arrondie en avant et composée de deux lobes, dont l'interne se prolonge en arrière en une lamelle triangulaire arrondie. Les autres lames sont très pointues et ont la largeur ordinaire.
Il n'existe dans cette espèce que deux corps blancs de chaque côté, très développés proportionnellement. Le bord postérieur des lames qui les renferment est marqué par une ligne brune.
Appendices du dernier segment (fig. 74).
Les
internes sont encore plus longs que dans l'espèce précédente; ils atteignent presque l'extrémité des appendices externes, et sont terminés par une touffe épaisse de poils serrés et par une soie raide beaucoup plus longue que les autres.
Les
externes ont la même forme et les mêmes proportions que dans le
trivittatus; ils sont un peu plus effilés dans les mâles que dans les femelles.
Couleurs. Le fond général est gris-brun avec une ligne médiane plus foncée. Sur les côtés de cette ligne médiane se voit une série de marbrures fauves, et plus en dehors une série de petites taches d'un gris-clair, dont chacune n'occupe souvent que le bord antérieur du segment.
Le bord des segments est d'une teinte plus claire. Leurs extrémités latérales sont marquées de quelques taches roussâtres. Le fond gris de l'abdomen est nuancé de quelques petites taches fauves disposées irrégulièrement. La tête est un peu plus foncée que le reste du corps. Les antennes grises; les 2 ou 3 premiers articles tachetés de fauve. J'ai trouvé sur une colline, près de Barr, un individu femelle à fond jaune marbré.
Comme on le voit, la coloration diffère essentiellement de celle de l'espèce précédente par l'absence des trois bandes abdominales et par la couleur foncée de la bande thoracique médiane. Cependant le P. monticole se rapproche beaucoup de la variété grise de l'espèce à trois bandes, lorsque celles-ci ne sont tracées que d'une manière obscure. La méprise alors est d'autant plus facile que les deux espèces ont le même habitus.
Séjour et moeurs. Je n'ai encore rencontré cette espèce que sur les collines arides, aux environs de la petite ville de Molsheim, et sur une colline boisée (le Crax), à pente rapide, située près de Barr. Elle se tient sous les pierres, le plus souvent dans les endroits où celles-ci reposent immédiatement sur la terre, mais quelquefois aussi parmi les pierres amoncelées. Très-souvent je l'ai trouvée en compagnie avec le
P. pictus, d'autres fois avec le
scaber. Il parait qu'elle aime assez la sécheresse, moins cependant que ces derniers : elle est presque toujours collée contre la pierre. Elle est beaucoup moins commune que le
Pictus, et l'on en trouve rarement un grand nombre réunis.
Observations critiques.
Le
P. Ratzeburgii de M. Brandt (
Conspectus, n.° 3) est la seule espèce qui ait avec la nôtre quelques ressemblances de couleurs; mais le dernier segment abdominal est plane, tandis qu'il esl bien distinctement sillonné dans le
monticola.
Nous avons déjà fait voir qu'il diffère du
trivittatus par plusieurs caractères. Il ne diffère pas moins du
pictus, malgré l'analogie de forme des lobes frontaux, du filet terminal des antennes el du dernier segment abdominal. Le porcellion peint se reconnaît, au premier abord, à son corps rugueux, à ses formes élargies et aplaties, et à l'aspect très granuleux de sa tête. Nous croyons donc que notre P. monticole constitue une espèce nouvelle bien distincte, à moins qu'il ne se rattache à l'une de celles décrites par Herrich-Schiffer, ce que nous n'avons pu déterminer.