Je vais juste témoigner d'une situation que j'ai vécue et qui m'a bien fait réfléchir.
Je suis le fils de deux ingénieurs agronomes. Avoir un enfant non ingénieur était impensable. Qu'au moins un des deux soit ingénieur agronome était fortement souhaitable. Mon grand frère et la bio faisant 2 (en première C, à l'époque, à la question quelle est la protéïne du lait, il a répondu "la chlorophyle". Ben quoi, les vaches mangent de l'herbe, non ?

), c'est sur moi que c'est tombé. Il est aujourd'hui ingénieur en métallurgie.
Moi, je fus pris du virus des insectes à 11 ans, alors mon père a vu cela avec bonheur. Mais le gamin frondeur a volontairement oublié, en terminale, de déposer des dossiers pour les prépas (ouh, ça a bardé !

)
J'ai donc fait la fac, deug, license, maîtrise, et un DESS de génie écologique, me donnant une pseudo équivalence d'ingénieur. Mon père était moyennement satisfait, mais bon (pour ceux qui ne le savent pas dans la gestion de la nature et des écosystèmes, ce regrêté DESS était le plus côté. 9 promotions en tout historiquement, de huit élèves chaques

).
C'est là que mon annecdote commence : travaillant comme technicien dans un Conservatoire Régional des Espaces Naturels, ma copine ne faisant pas à cette expatriation en province, je cherchait un boulot en Ile-de-France. Il faut dire qu'avec les emplois jeunes, les CREN n'embauchaient que des DESS sur des postes de technicien. Lors de cette recherche, très peu de postes, un m'échappa pour cause de piston dans un une collectivité (technicien gestion de la nature)... bref, la disette. Une place d'"assistant de conservation" s'ouvrit alors au MNHN, sur les collections d'insectes. J'ai postulé. Reçu à l'examen oral (une sorte d'entretien/épreuve)... Et là je sort "premier, et de très loin" d'après la directrice des collection. Mais le DRH ne veut pas de moi, car sur-diplomé pour le poste.
En clair j'étais le meilleur, mais trop bon en études.
Ce jour là je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir faire pour m'en sortir. J'ai été le meilleur une fois, mais un coup de piston m'avait écarté. J'ai été le meilleur une deuxième fois mais les études m'ont écartées (ma mère m'a dit alors "pourquoi n'as-tu pas fait des études de technicien ?" j'ai bien cru que j'allais la bouffer). Ce jour là j'ai su qu'être le meilleur n'était pas suffisant, car les études pouvaient être un handicap.
Depuis ce jour-là je prèche auprès de mes amis de ne pas pousser leurs gamins au maximum dans les études mais de les encourager à aller dans la voie qu'ils ont choisit. Parce que aller trop loin pour rechercher des postes équivalents qui n'existent pas où que l'on peut confier à moins cher à des moins diplômés, ça n'a pas de sens économique donc pas de sens du tout.