j'interviens avec un certain retard dans cette discussion, mais j'ai pu lire toute une série de choses qui me font un peu hérisser les poils sur la tête et ce ne sont pas des pseudo-provocations ou des brèves de comptoir.
Il est grand temps que quelqu'un me donne enfin un exemple concret, sûr de disparition d'une espèce d'insectes à cause de sa collecte.
Nous le savons tous, mais manifestement tout le monde n'est pas encore persuadé, que c'est la disparition des biotopes qui entraîne la disparition irrémédiable des espèces (le meilleur exemple en est encore la très vraisemblable disparition du fameux phasme de l'île Rodrigues). une autre cause beaucoup plus diffuse et beaucoup moins quantifiable pour l'instant c'est l'impact de la pollution, de l'activité humaine en général.
Alors arrêtons un peu les jérémiades sur les fameux commerçants, marchands, collectionneurs, etc. il y a un problème déontologique qu'il faudrait régler une fois pour toutes qui est de faire du commerce avec du vivant, mais à ce moment-là autant prendre en ligne de compte aussi les vaches et les poulets qu'on emmène à l'abattoir, comme, et c'est là où beaucoup de gens oublient toujours que ce sont des êtres vivants, les salades et autres carottes qui finissent dans nos assiettes...
l'insecte, une fois pour toutes, pour une bonne partie de ses espèces ne se détermine pas sur photo : il faut donc les spécimens et un spécialiste suffisamment calé pour pouvoir s'en dépatouiller. car c'est là aussi où ça manque, beaucoup de gens s'intéressent à relativement peu de choses et il y a tout le reste dont personne ne s'occupe ou alors ils sont si peu que de toute façon ils sont surbookés d'emblée. que l'Allemagne veuille protéger Bolbelasmus unicornis, c'est une bonne chose, si on savait comment le protéger réellement, car bien évidemment ça ne sert à rien de protéger X spécimens dont on suppose un mode de vie mycétophage qui reste à élucider complètement. les quelques données qu'on possède pour l'Alsace car c'est le seul endroit en France où cette espèce se rencontre sont le fait du hasard et non de chasses ciblées.
dernière chose qui me tricote un peu : le mode de fonctionnement de nos instances. Il y a un ministère que je connais très bien et depuis longtemps : comme l'a rappelé ici Piezo, on a beau concerter avec la base, plus on monte dans la hiérarchie, plus ces gens-là finissent par trier dans ce qu'on leur fait remonter ce qu'ils attendent eux-mêmes. quel merveilleux exemple d'auto-légitimation!
Les raisons en sont relativement faciles/difficiles à appréhender : il y a réellement une volonté politique de préoccupation du sort de notre terre, qui peut être tout à fait clientéliste comme tout à fait sincère ; d'autre part, il faut bien reconnaître que nos cadres dirigeants ont une très très grande facilité d'adaptation et un opportunisme à toute épreuve pour garder des postes qui somme toute, sont très prisés, il suffit de voir avec quelle rigueur de morpions la plupart d'entre eux se cramponnent à ce type de faire-valoir social.
Je rappellerai enfin qu'un certain ministre de l'éducation nationale, a toujours fait partie des cadres de ce ministère, naviguant de cabinet en cabinet, et je ne suis pas sûr qu'il ait jamais vu de ses yeux vu ce que la base vit tous les jours.
Bien sûr, il faut des gestionnaires qui aient l'esprit de synthèse, mais en la matière, ce qui préoccupe, c'est à la fois de faire un certain type de lobbying et de satisfaire une certaine partie de l'opinion publique, mais surtout de rentrer dans des considérations économiques dictées par Bruxelles. Et c'est là où la réalité rejoint l'utopie : il faut que certains organismes qui s'occupent de forêt soient à la fois viables et rentables tout en gérant en étant dans l'air du temps.... car la vision politique commune est une vision à court terme dictée avant tout par combien ça coûte! difficile de faire comprendre à des gens que ce qu'ils viennent de faire pendant 30 ans n'est plus au goût du jour et qu'il faut désormais faire le contraire dans les 30 ans à venir...
Il est bien évident que sur le plan local les choses sont beaucoup plus simples et que nos associations naturalistes ou de défense de la nature par exemple ont un grand rôle à jouer, ne serait-ce que d'information ou d'alerte de l'opinion publique. Il est nettement plus facile de contrer une demande d'établissement de carrière avec des arguments simples que de dévier une autoroute avec des arguments légaux.
Dernier point: il faudrait faire comprendre à nos instances quelque part que l'établissement de listes européennes est une bonne chose en principe, mais que dans la pratique, on arrive à des aberrations qui ont tendance à se répéter et à se multiplier. il paraît que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
La protection du cerdo nous en fournit un exemple parfait: en Allemagne en particulier les arbres qui l'abritent sont classés monuments historiques, j'ai déjà eu l'occasion de rappeler ce genre de faits, alors qu'il suffit d'aller dans le sud du côté du bassin méditerranéen, pour que la bestiole devienne une vraie plaie. Avec toujours évidemment le même statut légal. et dans ce genre de concert, certains pays ont des voix qui portent largement plus que d'autres... et nous avons eu également des informations dans la Préhistoire de ce forum, sur la participation de scientifiques reconnus dans l'établissement de listes de protection et du rôle réel qui leur a été fait jouer en fin de compte : soyons clairs, quelque part ce sont des alibis.
qu'on me pardonne cette intervention un peu longue, mais ce qu'il nous faut avant tout c'est une très grande solidarité entre nous qui ne se fasse pas à coup d'ostracisme contre les uns ou les autres pour enfin pouvoir se faire entendre en formant non plus une minorité silencieuse mais une majorité qui parle et qui sait se faire entendre.
dkeith a écrit : ..... qu'on me pardonne cette intervention un peu longue, mais ce qu'il nous faut avant tout c'est une très grande solidarité entre nous qui ne se fasse pas à coup d'ostracisme contre les uns ou les autres pour enfin pouvoir se faire entendre en formant non plus une minorité silencieuse mais une majorité qui parle et qui sait se faire entendre.
Je vais être sérieux (pour une fois) !
Entièrement d'accord avec toi, Denis ... mais, cette "solidarité" entre nous (particuliers, assos, etc ..) n'est-elle pas représentée logiquement par l'U.E.F ?...
Malheureusement ladite U.E.F est à la dérive et personne ne semble se soucier e son malaise ... alors quelle structure peut donc fédérer nos opinions convergentes pour devenir un intelocuteur crédible auprès de nos pouvoirs publics (qu'ils soient locaux, nationaux ou communautaires) ?...
Jean-Pierre.
"Dans ma rétine brillait l'éclat du monde. Alors je me suis mis à pleurer. Communiant, ému des beautés de la vie" . Fred Durand - "Le troubleau" - Ed. STOCK.
c'est pas faute de crier ici qu'il faut se fédérer. L'UEF à a mon humble avis raté son pari car au lieu de fédérer, elle a voulu prendre le pouvoir et régir, lancer des programmes en concurence direct de certains de ses membres...
Le problème des instances politiques, c'est qu'elles veulent protéger la nature et que les seuls modèles qu'elles ont en main sont les oiseaux (forte biomasse individuelle, cycles biologiques longs, populations relativement faible en individus, vastes territoires et énorme capacités de déplacements) et les plantes (organismes fixés et à fort pouvoir de reproduction assexuée). Appliquer cela à tout le vivant est une bêtise, là où beaucoup de groupes se contentent de milieux naturels hyper-spéciaux et de très faible surface. Si on y ajoute le caractère versatile des noms d'espèces... le politique comme le juriste sont dépassés, ils rament de concert et obligatoirement ne peuvent que très exceptionnellement être dans les clous.
Alors si en plus une authorité fédérale supérieure (l'UE) vient dicter de nouvelles règles... Nous sommes un certain nombre à dire que si les programmes de l'UE sont découpés en grands domaines biogéographiques, le statut des espèces doit suivre ce découpage, cela évitera des c.... comme cerdo. Mais nous ne sommes pas entendus. Pour Bolbelasmus, c'est pire encore : le niveau de connaissance sur cette espèce aurait du la rendre inéligible pour Natura 2000 ! Mais au niveau de l'UE pour les espèces, tu l'as dit Denis, l'Allemagne est toute puissante (maintenant, il connaissent tout aussi bien la biologie du Bolbelasmus que nous, donc ce n'est pas un fait de scientifique mais de politiques : "qu'est-ce qui a disparu ? Bolbelasmus ? On le met !")
Pour le concept d'espèces protégées, je ne suis pas convaincu que cela s'applique à des organismes commes les insectes qui sont de forte biomasse et effectifs populationnels mais l'inverse en individuels, à capacité de déplacement médiocre à nulle, et sur des habitats restreints en plasticité et en surface. Mais sans cette liste nationale, les insectes n'existeraient même pas dans la politique de préservation de la nature. Ainsi pense le juriste. Mon rôle n'a donc été d'intervenir que pour y corriger les bourdes d'ordre taxonomiques et chorologiques.
Tout ça pour dire que je suis d'accord avec toi Denis, et que le cul-entre-deux-chaises (à l'interface devrais-je dire ), je rame pour concilier les deux partis. Ce n'est jamais satisfaisant, mais je m'évertue à faire en sorte qu'au moins, ce soit sans conneries scientifiques.
Sat'
Si vous pouvez lire ça, c'est que vous êtes trop près
Saturnin de la Poire a écrit : ........ Tout ça pour dire que je suis d'accord avec toi Denis, et que le cul-entre-deux-chaises (à l'interface devrais-je dire ), je rame pour concilier les deux partis. Ce n'est jamais satisfaisant, mais je m'évertue à faire en sorte qu'au moins, ce soit sans conneries scientifiques.
Tu sais que je comprends parfaitement bien cette situation inconfortable pour l'avoir moi-même vécue ...
Jean-Pierre.
"Dans ma rétine brillait l'éclat du monde. Alors je me suis mis à pleurer. Communiant, ému des beautés de la vie" . Fred Durand - "Le troubleau" - Ed. STOCK.
Localisation : Thionville, Sarrebourg, Nancy, Liège, Louvain la neuve et Sarreguemines et oui tout cela
Messagepar veto82 »
Bonjour,
Je réagis un peu tard à ce post sur la protection des insectes et surtout sur la manière dont les législateurs l'entendent… je vais faire court mais je suis d'accord avec Denis
Par contre petite question législation: si je lis bien l'article 2 alinéa III il est interdit de détenir des Carabus variolosus/nodulosus qui ont été prélevés en France après le 24 septembre 1993… or cet insecte ne figurait pas sur la liste des insectes protégés en France a cette période (j'ai vérifié sur le "vieux" texte) donc si en me baladant du coté des Vosges (je ne dirais pas ou mais ce n'est pas une localité que j'ai vu sur le forum) en 1998 j'avais attrapé 2 couples de ces sympathiques bestioles, il aurait fallut donc que j'imagine que la bestiole apparaitrait dans la liste de protection des insectes de 2007 et que je n'avais pas le droit d'en chopper???? (loi qui est rétroactive car on ne peut pas attraper d'insectes protégés même avant qu'ils ne soient protégés…).
Au passage je crois me souvenir qu'une loi qui est rétroactive est invalide non?? Qu'en est-il?
Veto82
Ta remarque est intéressante Véto, faut que relise le texte. Quoi qu'il en soit, le principe de non rétroactivité d'une loi a été confirmé récemment, donc 1993 c'est n'importe quoi.
Sat'
Si vous pouvez lire ça, c'est que vous êtes trop près
Il faudra bien que tu t'y fasses, Sat' : TOUS les avis des vétos sont à prendre en considération ....
Jean-Pierre.
"Dans ma rétine brillait l'éclat du monde. Alors je me suis mis à pleurer. Communiant, ému des beautés de la vie" . Fred Durand - "Le troubleau" - Ed. STOCK.