Par ailleurs, le spécialiste peut faire des erreurs, se tromper dans ses déterminations car aucun document n'est complet et il faut souvent faire appel à un nombre important d'articles ou d'ouvrages pour déterminer des bêtes. D'où l'intérêt des collections : pouvoir revoir les spécimens en cas de doute et éventuellement être aidé d'un collègue pour apprendre et corriger ses erreurs.
Je n'aime pas tuer des animaux, mais quelquefois, cela peut permettre d'aller plus loin, de mieux appréhender notre faune et de mieux la protéger. Nous ne savons que peu de choses de la répartition des Opilions en France, nous ne connaissons même pas le nombre d'espèces sur notre territoire ! C'est dire si les Opilions sont peu connus en France. Il faut savoir que l'Europe est la zone la plus étudiée dans le monde, mais qu'elle est assez délaissée en France (il suffit de voir les catalogues qui fleurissent régulièrement un peu partout en Europe : Italie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, etc.). J'ai pu aussi voir la collection d'Opilions du Muséum de Paris. Elle est située dans la zoothèque, dans les sous-sols placés sous la Grande Galerie de l'Evolution du Jardin des Plantes (5e arrondissement de Paris). Des collections diverses (mammifères, oiseaux, poissons, etc.) sont disposées dans de grande pièces. Des étagères montées sur des rails (des compactus) permettent de les ranger. Les Opilions n'occupent pas une rangée entière et enrichir la collection me semble important, d'autant que la majorité des spécimens sont anciens (collection Simon, collection Dresco, etc.). Un simple exemple : Dicranopalpus ramosus est une espèce très courante en France, notamment dans le nord, et il n'y a que 2 femelles en collection (du moins pour ce qui est répertorié) ! Pour le genre Opilio, c'est aussi assez pauvre, alors que certaines espèces sont extrêmement courantes : O. canestrinii et O. saxatilis et ce dans une bonne partie de la France. C'est aussi pour cette raison que je réalise des collections. Je ne massacre pas tous les Dicranopalpus ramosus que j'observe, mais j'en ai ramassé certains et j'ai étudié les autres sous la loupe binoculaire pour vérifier leur identité puis je les ai relâché (et étudié une bête vivante, ce n'est pas une mince affaire !). Nous pouvons éventuellement mettre le spécimen au frais pour qu'il s'agite un peu moins (pas trop longtemps car cela pourrait le tuer).
Alors comment réaliser une chasse aux Opilions et commencer une sérieuse collection ? J'en parlerai dans un prochain message. Mais le mieux reste d'abord de commencer par la bibliographie (vous avez une autre rubrique assez explicite pour cela).
Emmanuel