C'est tout à fait comme ça que je l'ai compris, la réalité est plus complexe. J'ai pas mal regardé les expériences (de Weismann et de Ruhmer entre autres) qui avaient été faites pour voir ce qui déterminait la forme chez cette espèce, et globalement, il y a 3 facteurs externes qui semblent jouer :
- la photopériode pendant les derniers stades larvaires, c'est le facteur le plus déterminant : inférieure à un certain seuil (autour de 15 heures de soleil par jour de mémoire), elle induit quasiment toujours des
chrysalides diapausantes, qui nécessitent alors de traverser une période de froid relatif assez longue (plus de deux mois ?) pour reprendre leur développement. Sans période de froid, les
chrysalides diapausantes finissent par mourir. Ces
chrysalides diapausantes donnent naturellement la forme printanière
levana. Si la photopériode est longue, le cycle de développement induit est sans
diapause et assez rapide (2-3 semaines), c'est la forme estivale
prorsa qui en résulte en général.
- la durée de la phase
chrysalide : en cas de
diapause, elle est toujours grande, et les
chrysalides résultant sont quasiment toujours des formes printanière, beaucoup plus rarement des formes intermédiaires (
porima). Sans
diapause, la durée influe éventuellement sur la forme, mais surtout s'il y a intervention du 3ème facteur.
- la température : dans le cas des
chrysalides non diapausantes, le fait de placer les
chrysalides dans un environnement froid rapidement (moins d'un jour ?) après leur formation et de retarder leur développement de cette manière a tendance à former des formes intermédiaires (
porima) voire quasiment la forme printanière (
levana) si on arrive à retarder suffisamment longtemps le développement (faut placer les
chrysalides autour de 0°C pour que ça marche bien). Si au contraire, on expose les
chrysalides à une chaleur anormalement haute (genre 35°C) pendant quelques heures peu de temps après leur formation, cela peut produire les mêmes changements sans impacter beaucoup la longueur du cycle (
a priori, c'est plutôt de cette manière que les formes
porima apparaissent dans la nature, par exemple en cas de canicule). La température ne semble pas avoir énormément d'effet sur les
chrysalides diapausantes, que ce soit avant ou après la
diapause. Globalement, pour que la température ait un effet, il faut que ce soit une
chrysalide non diapausante et que l'on ne dépasse pas une période critique où la
chrysalide est encore relativement molle pour appliquer ce facteur. L'humidité joue aussi un rôle secondaire, et semble amplifier l'impact de certaines températures.
Bref, pour le papillon d'Alain, il résulte en principe d'une
chrysalide non diapausante dont le cycle de développement a été assez court (quelques semaines) et qui n'a pas subi des températures extrêmes lors de sa formation. Il résulte soit d'une seconde génération précoce, soit de plusieurs générations successives sans
diapause depuis l'été dernier, ce dernier cas me semble peu probable vu l'influence très forte de la photopériode sur l'entrée en
diapause.
Bon, voilà, les facteurs influençant les formes sont vraiment très intéressants à étudier, j'ai un peu résumé ce que j'avais compris, mais j'ai dû oublier des choses, et je ne sais pas si c'est très clair.
