Ce qui est sorti d’une galle du calice du gland du chêne (Val d’Oise)

[Trana]

Bonjour,

ayant collecté en ce mois d’août, à plusieurs reprises, des galles du gland du chêne, dues à Andricus quercuscalicis, je les ai placées en boîtes afin de voir ce qui en sortait.
Je m’attendais à voir un ou plusieurs A. quercuscalicis. Mais cela n’a pas été le cas (confrontation avec des photos de ce parasite).

ETAPE 1 : famille

Ayant prélevé l’un des plus gros insectes, une femelle, je me suis rendu compte qu’elle avait une nervation alaire de Cynipidae. C’est donc une inquiline.
Longueur corporelle : 3,2mm. 14 articles antennaires.

Photo 1


Bernard Mallet : France : Baillet-en-France : 95560 : 29/07/2025
Altitude : 112 m - Taille : 3,2 mm
Réf. : 363808

Photo 2


Bernard Mallet : France : Baillet-en-France : 95560 : 29/07/2025
Altitude : 112 m - Taille : 3,2 mm
Réf. : 363809



ETAPE 2 : un peu de biblio --> genre

Je me suis penché sur les deux études de SCHÖNROGGE et al. (1995 et 1996) citées plus bas.
La première étude, réalisée il y a 30 ans sur 64.000 galles provenant de 10 pays européens (dont 14 sites en France), m’a appris qu’il y avait 17 espèces dans ces galles, dont 3 inquilines. Point intéressant, deux des inquilines sont des Cynipidae : Synergus gallaepomiformis et S. umbraculus. Cela tombe bien pour moi, il ne me reste plus qu’à déterminer lequel des deux est « mon » insecte.
Mais je ne trouve pas réellement de photos sur le net, qui pourraient aller dans un sens ou l’autre, même si j’ai un faible pour S. gallaepomiformis.
En tout cas, c’est donc bien le genre Synergus.

ETAPE 3 : Une étude plus récente !

Grâce au forum, je trouve mention de l’étude de Robin WILLIAMS (2010) qui fournit quantité d’informations utiles et notamment des clés (merci Callirhytis !).
J’y découvre qu’en 15 ans, le nombre d’inquilines Cynipidae de la galle du calice du chêne est passé de deux à quatre, incluant dorénavant S. nervosus et S. pallicornis en plus des deux précédentes. Cela complique le problème, mais en même temps les clés et descriptions du vol. 2 devraient permettre d’y voir plus clair.

A partir de la clé et des descriptions spécifiques, j’ai résumé tout ce que je pouvais trouver dans un tableau Excel pour y voir plus clair.

La dimension des femelles des 4 espèces :
S. gallaepomiformis : 2,3 mm (1,4-2,9) (sur 107 individus)
S. nervosus : 1,9 mm (1,6-2,4) (sur 11 individus)
S. pallicornis : 2,3 mm (1,6-2,6) (sur 6 individus)
S. umbraculus : 2,5 mm (1,3-3,4) (sur 49 individus).
La longueur de mon spécimen (3,2 mm) ferait pencher en faveur de gallaepomiformis ou d’umbraculus.

Les antennes sont intéressantes à examiner.
Pour les 4 espèces concernées, les qualificatifs utilisés ne sont pas vraiment probants quant à la couleur des antennes ou à celle des scapes.
La forme du pédicelle pourrait fournir une indication. Seule S. nervosus a un pédicelle allongé (rapport longueur/largeur de 130%), ce qui n’est pas le cas ici. S. gallaepomiformis aurait un pédicelle court, tout comme S. umbraculus. S. pallicornis aurait un pédicelle « allongé ».

Les longueurs relatives des segments antennaires ne semblent être probantes que dans le cas de S. pallicornis, espèce pour laquelle le 3ème segment serait deux fois plus long que le 4ème.

Tout ceci permettrait, là encore, d’éliminer les deux petites espèces.

La couleur de la tête n’est pas toujours discrimante.

Mais si l’on ne retient que les deux espèces grandes ( !), WILLIAMS précise que umbraculus n’a du brun qu’autour des bords de la bouche, et jamais de jaune. Tandis que gallaepomiformis a une tête jaune sombre à brun. Le vertex est brun chez les deux espèces.

Les mandibules des deux espèces sont différentes : chez gallaepomiformis, elles sont jaune profond avec les pointes noires, tandis qu’elles sont jaune-brun avec des joues marron sombre prononcé chez umbraculus.

Photo 3 : face, mandibules et mesoscutum


Bernard Mallet : France : Baillet-en-France : 95560 : 29/07/2025
Altitude : 112 m - Taille : 3,2 mm
Réf. : 363810



Le thorax est noir dans les deux espèces, tandis que le gastre est brun sombre chez ces deux espèces.
Enfin, le mesoscutum comporte un sillon longitudinal central dont la longueur est caractéristique : il s’étend sur les ¾ de la longueur du mesoscutum chez gallaepomiformis, tandis qu’il couvre la totalité chez umbraculus. Dans notre cas, ce sillon n’est bien que des ¾ de la longueur du mesoscutum.


Compte tenu de tous ces éléments, et même si la dimension de mon insecte dépasse les 3 mm, je pense que l’on peut raisonnablement le qualifier de Synergus gallaepomiformis femelle.

On peut éventuellement comparer cet insecte avec les magnifiques photos du site BioImages de Malcolm STOREY, pour les deux espèces S. gallaepomiformis et S. nervosus.

Vos avis seront les bienvenus !
Trana


Bibliographie :

Ellis, H.E. -2005. Observations on the agamic (Knopper) gall of Andricus quercuscalicis and the associated inquilines and parasites in Northumberland. Cecidology 20(1): 12-33. https://www.british-galls.org.uk/cecido ... id20-1.pdf

Spatial and Temporal Variation in Guild Structure: Parasitoids and Inquilines of Andricus quercuscalicis (Hymenoptera: Cynipidae) in Its Native and Alien Ranges
Karsten Schönrogge, Graham N. Stone and Michael J. Crawley Oikos Vol. 72, No. 1 (Feb., 1995), pp. 51-60 (10 pages)


Abundance patterns and species richness of the parasitoids and inquilines of the alien gall-former Andricus quercuscalicis (Hymenoptera: Cynipidae)
K. Schönrogge, G. N. Stone and M. J. Crawley, OIKOS 77: 507-518. Copenhagen1996

WILLIAMS, R. – 2010. Oak-galls in Britain. Vanellus Publications. Vol. 1 Identification and keys, 233 pages et Vol. 2. Appendices, 231 pages.

Site BioImages de Malcolm STOREY : https://www.bioimages.org.uk/html/Synergus.htm

[pierred]

Bonsoir,

Eh bien, mes compliments !!

[lauzette]

Magnifiques photos et magnifique travail ! Bravo et grand merci !

[Trana]

Merci Pierre et Lauzette de vos compliments, cela réjouit le coeur

Mais je suis surpris que personne ne donne son avis
Personne ne s'aventure ?