[Orthemis discolor] Gyroscope

[dgas]

Bonjour,
En faisant des essais de photo de libellules en vol (d'accord, il me reste du progrès à faire) j'ai observé que même dans les virages les plus raides, ces Orthemis discolor gardent la tête horizontale.



Cayenne, août 2012 au même endroit à différentes dates, environ 5cm
J'ai cherché un peu, mais je n'ai pas trouvé d'explication à ce phénomène qui me satisfasse. Certains auraient-ils des idées à ce sujet?

[tioneb]

C'est une règle de base du pilotage à vue que de garder le regard horizontal et les libellules le font toujours.
Je l'avais fait remarquer ici pour Orthetrum brunneum, mais je ne retrouve plus le message en question.
On a une vue dorsale de l'abdomen et le regard est horizontal en sortie de virage!

[dgas]

Super photo cet orthetrum!

[...] je ne retrouve plus le message en question.
On a une vue dorsale de l'abdomen et le regard est horizontal en sortie de virage!

Le voilà : Activité sur les petits rus.
Mais le sujet n'explique ni le pourquoi, ni le comment du maintien à l'horizontale de la tête, y compris dans les situations les plus acrobatiques...
Je sens que j'aurai quelques lectures ce week-end.

[tioneb]

Je pense que c'est naturel au pilotage.
J'ai un peu piloté des planeurs et je t'assure que sans mettre le regard à l'horizontal tu as bien du mal à être horizontal, même avec un horizon artificiel, c'est pas agréable.

[oxie]

C'est une question à la fois simple et compliquée! simple parce que cette particularité de certains insectes explique leur prouesses aériennes (en particulier les odonates mais aussi les hyménoptères par exemple). C'est cette faculté de n'incliner que le moteur qui fait de ces insectes de remarquables volateurs.
Pourquoi maintenant, de un cela leur donne une qualité aérodynamique indéniable et de deux sur le front des lib il y a trois ocelles, ce sont des yeux supplémentaires mais qui ne sont pas destinés à voir, mais à percevoir les différences de luminosité et en particulier les différences dans la lumière polarisée. L'insectes découpe donc le ciel en zones de polarisation différente, si sa tête bougeait lors d'un virage, il perdrait le contrôle sur sa position, cela lui permet de se faire une représentation du ciel à a garder son cap grâce à la triangulation couplée au données de différences dans la lumière polarisée du ciel. Il garde en permanence un vrai horizon de vol lui! essentiel pour des animaux qui volent à vue et pas à l'odorat comme les papillons ou les coléoptères!

[dgas]

Merci beaucoup, je commence à avancer.
Ok, il a son horizon naturel comme certains, plus polluants souvent, ont un horizon artificiel. Cette perception de l'horizon est basée sur la polarisation de la lumière céleste. Il est donc fondamental que les récepteurs sensibles à la lumière polarisée restent au dessus, et donc que la tête reste horizontale. Mais ça suppose pour fonctionner que l'insecte sente l'orientation réelle du thorax.
Je me demandais aussi, en les observant ces acrobates, comment il font pour ne jamais toucher l'eau de leurs ailes. En effet, quand ça leur arrive, à l'occasion d'un combat par exemple, ils sont perdus.

[tioneb]

Ce sont bien les ocelles qui permettent, par la rapidité du traitement des informations qu'elles perçoivent, les prouesses aériennes et la stabilisation horizontale; les neurones qui en proviennent sont directement connectés aux centres moteurs.
J'avais ce document: http://sciencewise.anu.edu.au/issues/Sc ... l5_No4.pdf
Je crois en avoir vu une traduction mais je ne sais plus ou...

[Jack O'donate]

Eh bien, j'ai encore appris quelque chose aujourd'hui ! Merci messieurs.

[dgas]

Merci pour l'article. C'est passionnant. Les ocelles comme capteurs rapides et très sensibles aux mouvements. Ça leur confère une grande utilité pour détecter des menaces, des proies, des femelles ou des rivaux. D'ailleurs il me semble que chez pas mal d'espèces d'anisoptères, les ocelles latérales sont plutôt orientées vers l'avant. Sur ce thème, à la fin de l'article, il est évoqué l'extrême attention des odonates aux mouvements de leurs congénères.
Corbet fait état de la sensibilité des secteurs supérieurs des yeux composés à la lumière polarisée et aux ultraviolets. Cette fonctionnalité permettrait à la libellule de se positionner par rapport a une "carte du ciel" et donc de se diriger selon des axes précis. Pour que cette capacité d'orientation marche, il faut que la tête reste le plus possible horizontale...

[oxie]

Pour ce qui est de la position relative entre tête et thorax et donc de l'angle pris entre les deux, les informations sont collectée à partir du taux de déformation de la frange des sensilles qui sont situées dans la partie occipitale. Ces "poils" frottent contre ceux du thorax et la taux de déformation indique à l'animal l'angulation exacte donc l'incidence.