Patrick Bonneau
Mes pièges à Insectes
Ou comment se débrouiller avec les moyens du bord !
lundi 22 décembre 2008
par Arno , alastor

 11/08

Introduction

Après avoir longtemps pratiqué les méthodes habituelles de capture des insectes, ce qui m’a permis, pour exercer mon adresse, de réaliser tous les outils nécessaires (filet à papillon, nappe de chasse, filet fauchoir, filet troubleau, tamis Winkler, etc...), je me suis tout naturellement intéressé aux systèmes de piégeage.

Ayant un grand sens du bricolage, les problèmes posés par la réalisation m’ont autant passionné que l’utilisation des pièges.

D’autant que le manque de moyens, et, avouons-le, le défi posé par cette contrainte, m’ont amené à utiliser avec le maximum d’ingéniosité le plus de matériaux de récupération.

Ceci d’autant plus que le vol ou la destruction (volontaire ou due aux intempéries) d’une partie du matériel n’incite pas à y consacrer beaucoup d’argent.

Les bouteilles en plastique de petit, moyen ou grand format sont naturellement les plus employées.

A elles seules, elles représentent la majorité du matériel nécessaire.

Dans cet article, la réalisation est plus ou moins détaillée.

C’est que l’idée même de récupération fait qu’il ne peut y avoir un plan type, et que la réalisation de chaque piège est adaptée au matériel récupéré.

Ce sont mes solutions qui sont présentées, mais, si vous souhaitez vous y mettre, retenez plus le principe et les idées que la copie conforme, et nul doute qu’avec le matériel que vous trouverez des solutions originales vous apparaîtront.

Recommandations

Le piégeage est une technique très efficace qu’il faut pratiquer avec discernement.

Il ne faut cesser de rappeler aux débutants que la chasse à vue, ou du moins « manuelle » (filet, nappe de chasse, etc...) reste la première à pratiquer tant que l’on n’a pas un minimum de connaissances.

C’est celle qui permet le mieux d’apprendre à observer et à connaître.

Elle permet aussi de choisir ce que l’on attrape et de limiter ses captures.

Sauf cas bien particuliers, il ne faut capturer que ce que l’on pourra étudier.

Après, quand on a quelques connaissances, les différents modes de piégeage deviendront utiles.

Il est vrai que seul le piégeage systématique permet d’affiner certains inventaires ou de se donner une idée plus précise d’une faune locale.

Le piégeage ne doit être pratiqué que dans des buts bien précis et doit être limité dans le temps.

Le nombre des bêtes qui meurent pour rien est énorme par rapport aux espèces que cette technique peut apporter.

Il est néanmoins fréquent de remettre à des collègues les insectes que l’on ne conserve pas, en fonction de leurs propres sujets d’études.

De plus, la pose des pièges est parfois rendue laborieuse, par leur encombrement quand on doit en amener plusieurs dans une longue marche, et par le poids de l’appât, sous forme de bidons pleins de liquide. Elle représente une activité beaucoup moins agréable que la recherche à vue des insectes.

Leurs relevés réguliers sont aussi une contrainte s’ils sont rapprochés et si on a eu les yeux plus gros que le ventre (trop de pièges dans trop d’endroits différents).

Les relevés devront être effectués tous les 10-15 jours, guère plus, même en saturant les pièges en sel qui assure la conservation.

Cette périodicité risque d’être écourtée dans des régions très chaudes et sèches, ou en période de canicule, le liquide s’évaporant parfois très vite.



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I - PIÈGE ACTIFS

A - Les pièges attractifs

Pièges à vin / bière / jus de pomme...

La différence ne tient qu’à la recette, le piège étant physiquement identique.

Les mélanges :

Le liquide attractif que j’utilisais précédemment était un mélange de bière, sucre, sel et eau, le vin pouvant se substituer à la bière.

Mais je suis passé maintenant à une autre recette qui semble plus efficace : jus de pomme (1 l.), sucre (200 g), vinaigre (1/2 l.), sel (200 g), eau pour compléter à 5 l.

1 - Pièges aériens réalisés avec des bouteilles en plastique munies de leur bouchon à travers lequel est fixé un crochet de forme spéciale.

Piège "bouteille" aérien
Crochet et canne de pose

Quels insectes peut-on récolter avec ces pièges ?

Tous les insectes attirés par les mets sucrés : floricoles,
amateurs de fruits très mûrs, etc. ...

  • Coléoptères : Cerambycidae, Cetoniidae, Lucanidae,
    quelques Elateridae et même Ripiphoridae (j’ai eu ainsi
    Metoecus paradoxus)
  • Hyménoptères : Vespidae principalement
  • Diptères : toutes sortes de mouches
  • Lépidoptères : noctuelles surtout, Charaxes, ...

Malheureusement pour ces deux derniers ordres, les
individus sont toujours en mauvais état !

Deux ouvertures, plus ou moins circulaires, en vis-à-vis, permettent l’entrée des insectes au vol. Quelques petits trous à mi-hauteur permettent l’écoulement d’un éventuel trop-plein lors d’orages violents.

Toutefois l’expérience montre qu’en temps normal, très peu d’eau pénètre dans la bouteille, même par forte pluie.

Les pièges sont posés avec une canne à pêche de 9 m dont le dernier brin (le scion), trop fin, a été ôté. Elle fait ainsi 8 m et, tenue à bout de bras, permet de placer les pièges à 10 m environ.

Un anneau en fil de fer solide est fixé à l’extrémité, il permet plus facilement de "capturer" sans trop de difficulté l’extrémité du crochet tournée vers l’extérieur lorsque l’on cherche à redescendre le piège.

Plus le temps est chaud, plus ils sont disposés au soleil, plus ils seront actifs, la chaleur favorisant l’émission des odeurs fruitées et alcooliques.

2 - Pièges à hauteur "d’homme" accrochés à un clou, contenant le même mélange.

Piège à "hauteur d’homme"

3 - Pièges au sol
Gobelets plastique à boisson, qui peuvent également contenir le même mélange (présence du vinaigre)

Piège gobelet au sol

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Tous les insectes qui déambulent sur le sol, les résultats étant toutefois différents si les gobelets contiennent un liquide attractif (cf. le mélange ci-dessus), ou uniquement de l’eau additionnée de sel et de liquide vaisselle.

Coléoptères : Carabidae, Staphylinidae, Cerambycidae, Curculionidae, Tenebrionidae...

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Une astuce pour la mise en place du piège.

Après avoir creusé un trou pouvant contenir le piège, on place deux gobelets emboîtés dans le trou et on tasse la terre autour. Il arrive fréquemment qu’il en tombe dans le dernier gobelet quand on affleure soigneusement cette terre. C’est pour l’éliminer que l’on ôtera le deuxième gobelet, pour le vider et le remplir du liquide avant de le remettre en place.

Mais pourquoi deux ? Car cela facilite énormément le relevé des insectes pris au piège, il suffit de sortir le second gobelet, de le vider dans une passoire et de le remettre avec du nouveau liquide pour qu’il soit immédiatement réactivé !

4 - Récipients colorés

Bacs congélation aluminium d’un demi-litre, peints en jaune orangé à la bombe (couleur "bouton d’or"), remplis d’eau avec quelques gouttes de Mir (liquide vaisselle, sans odeur de préférence) et du sel pour un plus long délai de conservation

Ce système de piégeage se pratique également avec des bacs peint en blanc ou en bleu ciel dans le cadre des études sur les apoïdes. Chaque couleur de piège apportant un cortège d’espèces et des variations différentes d’abondance et de diversité.

Ainsi sur des sites du sud-ouest de l’Ile de France le piège bleu s’est avéré très efficace pour détecter la présence d’Ammophila pubescens.

Avantages : pas trop encombrants, s’emboîtent hors service, profonds donc moins d’évaporation.

Récipient coloré

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Hyménoptères : surtout les Chrysididae, puis les Sphecidae, les Vespidae, les Ichneumonidae et les Apidae.

Coléoptères : surtout des Buprestidae, en particulier Anthaxia (très mimétiques des Chrysididae).

Diptères : nombreux mais pas toujours en bon état (les Coléos et Hyménos résistent mieux).

Je rajoute encore une note issue des expériences conjointes de Fred Durand et Patrick Burguet :

« Les bacs jaunes doivent être parfaitement propres pour être efficaces !

Le moindre développement d’algues, le moindre dépôt terreux au fond les rend totalement inefficaces. Il faut donc éviter de les laisser plus de trois jours (une semaine avec du sel) et les nettoyer très soigneusement entre deux usages.

Si l’on doit les laisser plus longtemps à la même place, il faut en faire l’échange et non se contenter de rajouter de l’eau. »

Les pièges colorés se posent au sol et plutôt en zone xérophile ouverte, clairière, lisière ensoleillée, etc.


B - Le piège à attractif volatil

Ce piège est basé sur une particularité des arbres résineux, en effet chez ces derniers la sève est épaisse et collante, elle suinte lorsqu’une branche ou un arbre est coupé/brisé et son odeur est très présente.

Le principe volatil (le solvant) qui s’en échappe se trouve dans le commerce sous le nom d’essence de térébenthine. Des alcools sont aussi contenus dans les émanations des arbres blessés.
Diverses études (VALLADARES, 2000) ont démontré l’attirance particulière des xylophages inféodés aux résineux pour le mélange composé de 50% d’alcool et 50% d’essence de térébenthine.

Le piège utilise donc cette attirance. Il est composé d’un flacon en verre contenant le mélange, disposé à coté du flacon de récolte.

Un tube coudé, dont le passage est obturé par un fin grillage, permet l’échappement des vapeurs qui, en remontant, remplissent la bouteille de 5 litres d’eau de source découpée sur la moitié de sa surface.

Malgré la large ouverture, le volume restant de la bouteille assure une concentration des vapeurs, qui, secondairement, s’échappent vers l’extérieur.

Les insectes attirés se précipitent en volant vers la zone de concentration maximale et viennent heurter, de droite, de gauche ou vers le haut (il faut, bien sûr, laisser le fond du récipient) les parois de la bouteille. Ils tombent alors dans le flacon de récolte situé immédiatement dessous. Un collier muni d’une vis permet sa fixation sur le tronc ou la branche blessée.

Ne pas oublier de pratiquer quelques petits trous dans le haut du récipient de récolte, ou dans le tube situé immédiatement au dessus, afin d’évacuer l’eau de pluie qui pourrait pénétrer si elle ne tombait pas verticalement, il serait bien évidemment très gênant qu’elle vienne à couler du coté des produits.

Toute cette tuyauterie est réalisée à l’aide d’accessoires en PVC gris d’évacuation d’eau disponibles dans tous magasins de bricolage.

Dans ce piège la quantité de produit attractif (plus d’un tiers de litre), permet son action pendant près de 15 jours même en zone chaude l’été. Il reste ainsi actif très longtemps tout en émettant beaucoup de vapeurs.

Le piège à attractif volatil

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Tous les insectes attirés par les émanations de la résine

Coléoptères : Cerambycidae, Scolytidae, Lymexylonidae, Curculionidae, etc.

Les pièces nécessaires :
tronçons de tubes, coude et té PVC. Noter, en haut à droite, le tube, évasé à chaud sur une canette de bière, permettant une liaison progressive dans le goulot de la bouteille de 5 L
Les pièces assemblées avec une colle PVC
Les bouchons sont collés à l’aide d’un pistolet à colle. Ne pas oublier le fin grillage empêchant les insectes de s’engager du coté du mélange alcool / essence de térébenthine.
Devant, le collier utilisé pour fixer le piège à un arbre.

C - Les pièges mobiles

Le filet voiture

L’utilisation du filet fauchoir et l’observation du déplacement d’une voiture devaient inévitablement amener l’idée d’associer les deux pour créer un nouvel engin de capture (TRONQUET, 1972).

Les premiers essais et beaucoup de réalisations actuelles disposent ce filet sur le toit du véhicule en utilisant les barres d’une galerie.

Si cet accessoire en facilite la réalisation, il présente l’inconvénient de disposer le filet de capture à une hauteur souvent supérieure à celle où volent habituellement les insectes.

Il a été, en effet, observé que la majorité des insectes volent assez près du sol, ce n’est qu’exceptionnellement, pour éviter un obstacle ou fuir un prédateur, qu’ils s’élèvent rapidement.

Possédant un véhicule dont la forme et la hauteur du toit sont encore plus défavorables, j’ai opté pour une autre position du filet, en le disposant sur le coté, ce qui lui permet d’être plus près du sol.

Le filet est réalisé dans un rideau en voile à maille assez fine (de récupération bien entendu, d’où sa couleur improbable pour une telle utilisation !), il est cousu en forme de cône.

Un arceau fait d’un mat de tente igloo en tube d’aluminium passe dans un ourlet du tissu.

Les extrémités du mat sont retenues dans des œillets situés sur une sangle (issue de la même tente recyclée) fixée dans le bas de caisse de la voiture par un crochet d’un coté et un sandow redescendant de l’autre coté.

Des bandes de velcro permettent de solidariser l’autre coté de l’ouverture avec la sangle située contre la carrosserie.

Une ficelle cousue sur toute la longueur du filet permet de le fixer à une charnière de la porte arrière d’un coté, et, par l’intermédiaire d’un sandow destiné à amortir les éventuels contacts avec la végétation, au rebord de la carrosserie, près du phare, de l’autre.

L’ensemble se range dans une petite housse très peu encombrante.

Le filet voiture
En encart, l’ensemble rangé dans une petite housse.

Quelques précisions : la sangle est tendue entre le crochet du bas coté filet et le sandow sur l’autre flanc de la voiture. Le filet n’est pas cousu à la sangle, ce sont les petites bandes de velcros cousues au filet qui passent autour de la sangle.

Montage du filet sur la voiture : on pose la sangle, on met l’arceau dans l’ourlet, on accroche l’arceau sur la sangle, on passe le filet sous la sangle, on accroche le velcro. On tend ensuite le fil à l’avant avec le sandow, puis à l’arrière.

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Tous les insectes volant au bord des chemins, principalement en fin de journée, heures auxquelles ils se rencontrent le plus fréquemment.

Quelques Scarabaeidae, Chrysomelidae, Curculionidae, mais surtout Staphylinidae, Pselaphidae,

Scolytidae, Leiodidae, Latridiidae, et divers clavicornes, etc.

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D - Le piège à lumière

La théorie nous dit que les insectes utilisent le disque lunaire pour se diriger, en gardant un angle constant avec ce lumignon. Notre piège le remplace, c’est pour cela qu’il n’est vraiment efficace que quand il n’y a pas de lune.

Dans ces conditions, il suffit que la surface éclairée soit la plus grande possible. Elle n’attirera pas plus en valeur absolue, mais les insectes viendront de plus loin (donc il peut en venir plus !).

Une chose est sûre, plus il y a d’UV, mieux ça marche (mettez des lunettes, même en verre blanc ça protège).

La technique consiste donc à tendre un drap blanc et à l’éclairer à l’aide d’une lampe assez puissante produisant des UV.

Un autre drap blanc étendu par terre permet de voir les insectes qui ne restent pas sur la toile verticale, certains vont même au-delà, il est alors bon de se munir d’une lampe (une frontale est très commode), pour les rechercher dans l’herbe.

La puissance de la lampe influe considérablement sur l’attractivité du piège.

Le souci d’autonomie incite à rechercher des lampes de faible puissance, les valeurs de tube néon ou lampe à iode de 6 à 10 W sont notablement insuffisantes. Les néons de 20 à 32 W, surtout si l’on en met deux en parallèle (un blanc et un UV bleu par ex.), donnent de meilleurs résultats, mais, pour une bonne efficacité, il faudra dépasser la valeur de 125 W, pour aller jusqu’à 250 W, il s’agira alors de lampe à vapeur de mercure alimentées par un fil électrique relié au secteur ou à un groupe électrogène.

Bien entendu l’emplacement où il est pratiqué a une grande importance, c’est naturellement en milieu ouvert qu’il attirera le plus.


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II - PIÈGES PASSIFS

A - Les pièges d’interception

1 - Piège à grand panneau simple

Panneau transparent fait d’une feuille de plastique semi-rigide (ép. environ 1 mm), de 70 cm de large par 1,20 m de haut.

Le bac de récolte est une balconnière contenant de l’eau additionnée de quelques gouttes de Mir (liquide vaisselle) et du sel.

Piège à panneau simple
Suspendu à une perche horizontale dans la trouée d’une haie

Le tout est suspendu à une perche fixée horizontalement ou à un fil de fer tendu entre deux arbres.

La balconnière est suspendue à l’aide de deux forts fils de fer verticaux, ils se dédoublent à une quinzaine de centimètres et se terminent par un anneau. Un autre morceau de ce fil, en forme de crochet, est fixé sur la balconnière, au quatre coins, cela permet, en décrochant les deux d’un coté, d’incliner le récipient pour le vider dans une grande passoire et récupérer ainsi les insectes capturés.

Ce type de piège se place à hauteur basse ou moyenne dans un passage, chemin, trouée dans une haie, au milieu d’un chablis etc.

Ici, le support est un fil de fer costaud tendu, entre deux arbres, au milieu des branches d’un chablis, avec un tendeur de clôture, tout est suspendu à ce fil.

Le plastique du panneau est un peu souple malgré son épaisseur (1 mm) alors, pour le rigidifier, deux baguettes ont été fixées de part et d’autre dans le haut de la plaque, celle-ci est soutenue par 3 crochets en fil de fer.

Des petits trous sont percés à 5 cm du haut de la balconnière pour l’écoulement de l’eau de pluie

Pièges à panneau simple
Suspendus à un fil de fer dans un chablis et au dessus d’un ruisseau formant trouée dans la haie.

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Tous les insectes volant autour des branches où ils sont disposés

Coléoptères :

Cerambycidae, Cetoniidae, Lucanidae, Elateridae, Scolytidae, etc.

Les saproxylophages si le piège est placé près de bois pourri.

Hyménoptères, Lépidoptères et Diptères.

2 - Piège à Panneaux en croix allégé

Ce piège respecte rigoureusement le modèle "Polytrap" proposé par H. Brustel (2004).

Sa fabrication est inspirée du mode de réalisation utilisé pour le modèle "Pimul" de B. Mériguet (2007).

Et puisque la création de nom nouveau est, semble-t-il, à la mode, je ne manquerai pas de nommer aussi le mien en reprenant les premières lettres du titre de ce paragraphe soit : "PIPACAL" (PIège à PAnneaux en Croix ALlégé)

Il est constitué d’un axe central en tube PVC gris "électrique" et de quatre baguettes de 50 cm de long en haut et 40 cm en bas, qui sont insérées dans des trous perpendiculaires et en vis-à-vis deux par deux à 80 cm de distance.

Entre ces baguettes sont disposés quatre bandes de film plastique transparent (toile cirée incolore) d’environ 80 m x 20 cm, chaque panneau fait ainsi 40 x 80 cm.

Le toit et l’entonnoir sont constitués de triangles de plastique souple (presque) transparent soudés avec un soude-sac de cuisine destiné aux sacs à congélation.

L’ouverture de l’entonnoir est renforcée à l’aide d’une armature carrée en fil de fer robuste dont une boucle à été « tordue » à chaque coin, une vis, passée dans cette boucle la fixe à l’extrémité des baguettes inférieures.

Un goulot de bouteille de jus de fruit, à large ouverture, est fixé dans le bas de l’entonnoir, il soutient la bouteille de récolte grâce à deux bouchons collés dos à dos.

Ces bouchons sont collés à l’aide d’un pistolet à colle, puis évidés pour autoriser le passage le plus large.

Le piège « Pipacal »

3 - Piège à Panneaux en croix en moustiquaire.

Suivant la même mode, dénommé : "PIPAMOU" (PIège à PAnneaux en MOUstiquaire).

Ce piège de grande taille est constitué d’un axe central en bambou (le tube PVC utilisé dans le modèle précédent peut très bien convenir, mais, fidèle à ma philosophie, j’ai, une fois encore, fait appel à la récupération). Quatre baguettes de 1m de long chacune sont insérées dans des trous perpendiculaires et en vis-à-vis deux par deux à 1,20 m de distance.

Entre ces baguettes sont disposées quatre bandes de moustiquaire d’environ 1,20 m x 48 cm, chaque panneau fait ainsi 1 m x 1,20 m, et la surface totale d’interception est donc de 23 000 cm2.

Rappelons, pour mémoire, que le piège standard "Polytrap", ci-dessus, a une surface de 12 800 cm2.

L’utilisation d’une moustiquaire en remplacement de panneaux transparents a été dictée par sa faible prise au vent qui aurait été un véritable handicap dans un piège de cette taille.

Cette moustiquaire a été peinte en noir, lui fournissant ainsi un aspect beaucoup plus transparent que la couleur blanche, qui renvoie la lumière et représente pour les insectes un obstacle à éviter.

Le toit et l’entonnoir sont réalisés, comme dans le précédent modèle, par des triangles de plastique souple (presque) transparent soudés avec un soude-sac.

Le piège « Pipamou »

4 - Pièges simplifiés

Le souci de réaliser de nombreux pièges de la façon la plus économique m’a conduit à utiliser le plus possible de matériaux de récupération.

En effet un certain nombre disparaissent ou sont détruits : intempéries (vent principalement), vol, vandalisme (curieusement, surtout à l’automne !), etc..., et la dimension économique est loin d’être négligeable.

J’ai ainsi utilisé le haut de bouteilles de 5 litres d’eau de source (il existe aussi des modèles 8 litres, encore plus intéressants), qui présente un entonnoir de taille moyenne maintenu largement ouvert par une plaque d’un matériau synthétique rigide genre plexiglas enfoncée à force et maintenue par deux petits fils de fer.

Ceci fournit un piège aux dimensions approximatives suivante : 20 cm x 40 cm (taille du panneau transparent, en fonction du matériel récupéré)

La bouteille utilisée pour la récolte est un modèle de ½ litre (voire un litre en Provence pour prévenir l’évaporation l’été) possédant un gros goulot afin d’autoriser un passage aisé à tous nos insectes français, deux bouchons collés dos à dos assurent la liaison.

Le liquide est toujours de l’eau additionnée de quelques gouttes de Mir (liquide vaisselle) + du sel.

La mise en place s’effectue à l’aide de la canne décrite au paragraphe I

Une variante de ces pièges consiste à remplacer le panneau transparent par un de couleur noire.

Au premier abord, il semble assez paradoxal de ne plus mettre un panneau transparent et l’on a l’impression que cet obstacle va être évité par les insectes.

Toutefois, l’expérience prouve qu’intervient alors un autre phénomène (CHENIER & PHILOGENE, 1989), cette surface noire semble être vue par les insectes comme l’ouverture d’une cavité sur le tronc d’un arbre, le piège deviendrait alors "attractif", principalement pour les coléoptères inféodés aux cavités.

On peut en déduire que ce piège à panneau noir ne capture pas les mêmes espèce que celui à panneau transparent, les deux modèles s’avèrent donc complémentaires.

Le piège interception simplifié
A droite : la fabrication

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Les insectes volant autour des troncs à la recherche de cavités

Coléoptères : Cerambycidae, Cetoniidae, Lucanidae et Elateridae fréquentant les cavités, saproxylophages, etc.

5 - Piège collé au tronc

Ce piège est conçu pour la capture d’insectes, principalement les Coléoptères, vivant dans le bois mort ou le bois attaqué par les champignons (Kaila, 1993). Il s’agit d’une modification du piège fenêtre. Il se place sur le tronc des arbres morts sur pied ou couchés, de préférence à proximité des fructifications des champignons (Polypores).

Pièges collés au tronc
Piège transparent collé au tronc / Piège noir collé au tronc

Le piège consiste en une plaque en plastique transparente dont les dimensions sont 12 cm de largeur, 30 cm de hauteur et 1 à 1.5 mm d’épaisseur. Ce panneau est relié à un entonnoir constitué du haut d’une bouteille "Orangina", comme précédemment, deux bouchons soudés dos à dos assurent la liaison avec la bouteille de récolte.

Le piège est fixé à l’aide d’un clou, un fil de fer l’empêche de se coucher sous l’action du vent.

6 - Piège à nécrophages

Une spécialisation particulière de ces pièges simplifiés a consisté à utiliser deux pièges du type précédent pour concevoir ce piège à nécrophages.

Un portique en fil de fer très rigide, comportant le crochet de pose, supporte deux pièges identiques au modèle ci-dessus (piège collé au tronc).

La partie centrale est constituée d’un cylindre en grillage dans lequel est disposé l’appât, ici emballé dans du tissu.

De chaque coté de ce cylindre est fixée verticalement une tige de métal qui s’emboîte dans le bas de chacun des pièges et comporte un crochet dans le haut. Ce dispositif permet le démontage du réceptacle de l’appât lors de son remplacement.

La pose s’effectue à l’aide de la canne décrite au paragraphe I

Le piège à nécrophages
A droite : outillage nécessaire pour poser la plupart des pièges

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Les insectes attirés par les charognes.

Coléoptères : Sylphidae, Dermestidae, Cleridae (Necrobia, Korynetes ...), Histeridae, etc.

Diptères divers ...

B - Les pièges à émergence

  • Pièges à émergence enveloppants

Le mode opératoire consiste à "emballer" une souche ou une portion de tronc afin de récupérer tous les insectes qui en émergent.

A l’aide d’un voile solide ou d’un tissu genre moustiquaire, on enveloppe complètement l’objet étudié et l’on dispose un ou plusieurs réceptacles permettant la récolte.

L’enveloppement d’une partie de tronc ou d’une souche représente un travail important, ce dispositif est généralement très visible ce qui peut entraîner déprédations ou vandalisme et, bien qu’assez productif, il est assez lourd à mettre en place.

  • Pièges à émergence sur cavité

L’utilisation d’une procédure similaire pour obturer les cavités d’arbres s’avère plus simple et permet la capture d’espèces discrètes et moins courantes que celles qui se prennent habituellement.

Une feuille plastique ou un tissu imperméable est utilisé pour obturer une cavité d’arbre.

Une ouverture dans ce tissu représente la seule source de lumière pénétrant dans la cavité, elle sera donc la seule sortie où se rendront les insectes adultes émergeant à l’intérieur.

La toile ou la feuille plastique est fixée à l’aide d’une petite agrafeuse-cloueuse (voir photo ci-dessous).

Pièges à émergence sur cavité

Un récipient de récolte est emboîté sur un bouchon solidaire du tissu, il est généralement soutenu, par un fil de fer léger, pour éviter une contrainte trop forte sur la toile. J’ai utilisé deux méthodes différentes pour réaliser et solidariser le flacon de récolte.

La première méthode a consisté à recycler des boites de balles de tennis. Elles sont en plastique transparent, habillées d’une étiquette que l’on enlève facilement. Deux tailles existent, pour trois ou quatre balles, les deux peuvent être utilisées. En les découpant en biseau et en recollant les deux morceau à l’équerre, on peut emboîter (et démonter) le récipient sur le couvercle, en plaçant le liquide conservateur dans la partie descendante.

Le couvercle est fixé sur la toile avec des rivets "pop", une rondelle de plastique de même nature est disposée à l’arrière, prenant la toile en sandwich afin de renforcer la fixation.

Au centre est pratiquée une ouverture par où entrera la lumière attirant les insectes vers la sortie où ils tomberont dans le flacon de récolte.

La seconde méthode consiste en l’utilisation de petites bouteilles de jus de fruit à large goulot. L’une d’elle sert de liaison perpendiculaire au tissu, avec la seconde qui assure la fonction de flacon de récolte.

La liaison entre les deux étant obtenue par l’habituel double bouchon collé dos à dos.

L’ouverture dans le tissu est assurée par le goulot, à large ouverture, d’une autre bouteille du même type (bouteille dont la taille n’a pas d’importance car on ne conservera que le goulot), ce dernier est renforcé par une rondelle de plastique collée par l’arrière pour assurer la résistance de la toile.

Ce piège se posera sur diverses cavités, qu’elles soient à la base du tronc, à hauteur d’homme, voire à plus grande hauteur pour les sportifs qui devront alors hisser une corde, ou une échelle de corde pour atteindre leur objectif.

Pose en hauteur à l’aide d’une échelle de corde
Détail du piège disposé à l’emplacement du creux laissé par une branche pourrie

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Les insectes vivant dans les cavités :

Coléoptères : Surtout les Saproxylophages et tous les Cerambycidae, Cetoniidae, Lucanidae, Tenebrionidae et Elateridae fréquentant les cavités, etc.

  • C - Les pièges à migration verticale

Piège à Chrysididae

L’observation du comportement des Hyménoptères, principalement Chrysididae, a entraîné la création de ce piège (H. Tussac, 1991).

Ces insectes très vifs sont parasites d’abeilles solitaires. Ce piège s’adresse à celles qui fréquentent les abeilles dites charpentières car nichant dans le bois sec des arbres morts.

Ces abeilles utilisent ou creusent des trous dans le bois et l’on voit fréquemment les Chrysides parcourir en tous sens les branches ou troncs secs à la recherche des nids de leurs hôtes.

En fait, pas vraiment en tous sens, plus généralement elles arrivent au vol sur le tronc, puis remontent rapidement en zigzagant.

Le piège est donc constitué d’une planchette mince d’environ 40 cm par 1,20 m de haut.

Un pont en grillage moustiquaire rigide en recouvre la moitié et se termine par une toile cônique fixée à un tube dirigeant l’insecte vers le flacon de récolte contenant le liquide habituel (eau + mir + sel).

Un fort crochet métallique est fixé à l’arrière, au sommet du piège, il sert à l’accrocher à une branche ou une anfractuosité du tronc.

Un tube est, lui, fixé dans le bas et c’est en glissant une perche dans ce tube que l’on peut hisser le piège à la hauteur voulue.

Piège à Chrysididae
Vue d’ensemble / Vue de détail

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Il est destiné aux insectes qui recherchent et explorent le bois bien sec et plus spécialement aux Chrysididae et autres hyménoptères hôtes de ce milieu.

Piège à Coléoptères

Ce type de piège original est basé sur l’observation du déplacement des coléoptères sur les troncs.

Il résulte d’un phénomène identique à celui utilisé pour capturer les Chrysididae.

Lorsqu’un xylophage ou un saproxylophage se trouve sur un tronc, son déplacement se produit majoritairement vers le haut, vers la lumière.

C’est en se basant sur cette observation qu’a été élaboré le piège à migration verticale par Oto Majzlan (2002)

Un voile de forme conique, destiné à guider les insectes arpentant le tronc dans leur migration verticale, est agrafé sur le tiers environ de sa circonférence d’entrée. Un arceau en fil de fer assez fort maintient béante cette ouverture.

L’autre extrémité du cône est fixé à un tube sur lequel se place un récipient de réception. Un support en bois, fixé au tronc, retient l’ensemble.

Piège à migration verticale

Le récipient de récolte est percé et un tube (ici de couleur grise) est collé au fond. Il s’emboite sur le tube qui termine le cône du voile (ici de couleur verte). Le haut de ces deux tubes se termine à la même hauteur, à environ 2 cm sous le couvercle du récipient.

Cette disposition permet la dépose du pot sans rien démonter.

Le récipient de récolte est aussi rempli d’eau additionnée de sel et de quelques gouttes de produit vaisselle jusqu’à, environ, 2 cm du haut des tubes.

Piège à migration verticale : détails
A gauche : Récipient de récolte. A droite :
- haut : Ouverture du piège à migration verticale
- bas : Récipient de récolte

Quels insectes peut-on récolter avec ce piège ?

Les insectes, principalement xylophages ou saproxylophages qui parcourent le tronc sur lequel est posé le piège, de jour comme de nuit (ce ne sont pas les mêmes).


Et pour finir, un petit clin d’œil ... le piégeage de l’entomologiste à l’aide d’un mélange à goût anisé.

Remerciements :

Je voudrais ici remercier mes collègues et amis qui ont effectué une amicale pression destinée à me décider à mettre à la disposition de tous mes astuces et combines pour la réalisation de tous ces pièges.

Je les ai aussi sollicités pour servir de relecteurs et de testeurs, afin de rendre texte et photos plus clairs et explicites, qu’ils en soient également remerciés.

Il s’agit de : Léo CHEKIR, David GENOUD, David GONZALES, Marc HAMMOUCHE,
Nicolas PARIS, Dominique POIRIER-DUCROCQ, Stéphane VASSEL, Jean-Hervé YVINEC.

Fait à La Bouilladisse, le 10/11/2008
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