[Natio]

Insectes à élytres, les scarabées, coccinelles, charançons, carabes, etc. forment l'ordre le plus diversifié au monde.

Animateur : Lysbeth d'Alys

Sujet précédentSujet suivant
le géorgien
Membre
Enregistré le : lundi 12 août 2019, 20:37
Localisation : Lys Lez Lannoy

Message par le géorgien »

Merci pour les explications Véto82.

Pour simplifier à mort, la Rana esculenta est une voleuse de gènes !!! Elle en a besoin de piquer dans le capital génétique de l'une des deux espèces parentes (ridibunda ou lessonea) pour perpétuer son espèce (là je vais me faire "tuer" :lol: )

Bref il y a aussi le R.(klepton) grafti en France et d'autres notamment dans les Carpathes (avec plein d'excellentes espèces Sat' :lol: ...)

(en effet l'exemple splendens x lateralis n'aurait pas du se trouver mêlé à l'exemple des grenouilles cher Carabus :wink: je voulais faire un appel à Véto82 sur le complexe esculenta et reparler de ce qui nous intéressait au départ : les carabes...)
Avatar du membre
carabus
Membre
Enregistré le : samedi 30 septembre 2006, 13:13
Localisation : Nord

Message par carabus »

Kymox , tu as écrit :
(en effet l'exemple splendens x lateralis n'aurait pas du se trouver mêlé à l'exemple des grenouilles cher Carabus je voulais faire un appel à Véto82 sur le complexe esculenta et reparler de ce qui nous intéressait au départ : les carabes...)
Ben non, je n’ai jamais rien dit qui s’oppose à cette méthode, bien au contraire :wink: . Rien ne vaut des comparaisons entre deux groupes bien différents (ici grenouilles et carabes) pour illustrer des processus évolutifs identiques (l’unité du vivant !) :) .
Avatar du membre
Arno
Râleur très actif
Enregistré le : mardi 27 septembre 2005, 7:38
Localisation : au Nord

Message par Arno »

Saturnin de la Poire a écrit :
Vin'S a écrit :Un ovule peut entrer en mitose sans pénétration du gamète mâle ?
Intéressant tout ça 8-O
je ne t'ai pas dit qu'aucun gamète mâle ne rentrait dans l'ovule, en fait si celui du carassin argenté y rentre, mais les noyaux ne fusionnent pas et ce gamète mâle y meurt. Mais cela active le cycle de mitose. Théoriquement (mais ce n'est que ma spéculation), cette intrusion doit provoquer le doublement de la ploïdie permettant l'ovule (haploïde) de devenir diploïde. Ensuite, la mitose est un phénomène classique chez les cellules diploïdes
C'est bien le principe, il y a réplication de l'ADN du pronucléi femelle qui devient alors 2n et entre en mitose et avortement du pronucléi mâle.
C'est ce que l'on nomme gynogenèse et les phasmes sont d'ailleurs les champions des méthodes alternatives puisqu'au delà de la repro sexuée classique et de la parthénogenèse thélytoque, il y a des cas de gynogenèse, d'androgenèse et d'hybridogenèse !

L'androgenèse c'est un peu l'inverse de la gynogenèse en un peu plus complexe.
Ce mécanisme a d'ailleurs été mis en évidence dans le règne animal grâce aux phasmes.
Il y a accouplement mais l’œuf ne contient au final que le génome mâle et cas très rare dans le monde animal, il y a polyspermie !

Quant à l'hybridogenèse, je ne m'y attarde pas, d'une part car c'est complexe et que je ne comprends pas tout mais disons que cela correspond à des croisements naturels entre espèces proches et les phasmes du genre Bacillus du pourtour méditerranéen en sont les champions !
Cela aboutit à des complexes d'individus 2n, 2n+2, 3n, voire 4n... Pas simple !
Je ne fais pas de discrimination, je hais tout le monde...
le géorgien
Membre
Enregistré le : lundi 12 août 2019, 20:37
Localisation : Lys Lez Lannoy

Message par le géorgien »

carabus a écrit :Ben non, je n’ai jamais rien dit qui s’oppose à cette méthode, bien au contraire :wink: . Rien ne vaut des comparaisons entre deux groupes bien différents (ici grenouilles et carabes) pour illustrer des processus évolutifs identiques (l’unité du vivant !) :) .
Ouf, je suis sauvé, ce que tu écris est vrai sauf que c'est pas tout a fait pareil quand même chez les grenouilles... :wink: la notion de klepton est tout a fait particulière et je ne connais pas d'autres exemples chez les cordés, mais bon je n'ai qu'une culture très limitée dans ce domaine...

Lineatus n'a pas besoin de splendens ou de lateralis pour se péreniser...l'introgression me semble-t-il ne s'exprime pas de la même manière (désolé les gars pour mon vocabulaire, je suis peintre pas savant ! :lol: )
Avatar du membre
carabus
Membre
Enregistré le : samedi 30 septembre 2006, 13:13
Localisation : Nord

Message par carabus »

Disons que le processus évolutif que j’évoquais était l’introgression mais qu’après, différents stades évolutifs ou diverses nuances peuvent s’y associer…

La revue « La Recherche » de juillet-août 2004 (no 377) avait publié un intéressant article sur le processus de « spéciation secondaire » qui résulte de l’introgression de gènes d’une espèce vers une autre. L’article « Espèces d’hybrides » (de Trenton W. Holliday, universitaire de la Nouvelle-Orléans, USA) expliquait que l’hybridation peut conduire à l’émergence de nouvelles espèces. Comme il y est dit, cette forme de spéciation est fréquente chez les plantes, mais a traditionnellement été minimisée chez les animaux.

On y prend l’exemple du loup rouge (ou roux, Canis rufus) du Sud-Est des Etats-Unis qui est une espèce hybride, actuellement en voie d’extinction. L’analyse de l’ADN mitochondrial des fourrures de ces animaux tués avant 1930 montre en effet un mélange d’ADN mitochondrial de coyote (Canis latrans) et de loup gris (Canis lupus). Ainsi, Canis rufus est une espèce hybride située dans une zone écologique séparée de celles de ses cousins.

On voit donc qu’on peut retrouver ce processus d’introgression à tous les niveaux du monde du vivant, que ce soit les canidés, les grenouilles, les insectes, etc… La barrière génétique est loin d’être étanche entre espèces suffisamment proches…
le géorgien
Membre
Enregistré le : lundi 12 août 2019, 20:37
Localisation : Lys Lez Lannoy

Message par le géorgien »

super exemple pour dire que rien n'est figé, comme tu le dis si bien "La barrière génétique est loin d’être étanche entre espèces suffisamment proches…"et que la conception humaine d'espèce souffre de certains cas "hors norme".

Mais certains, pas moi, te diront alors que Canis lupus et Canis latrans ne sont qu'une seule et même espèce, non ? :?
Avatar du membre
carabus
Membre
Enregistré le : samedi 30 septembre 2006, 13:13
Localisation : Nord

Message par carabus »

Ben là, on revient aux « boîtes » crées par l’être humain pour classer les animaux qu’il connaît en « espèces », et tout ce qui précède montre bien les limites de ce système… Néanmoins, l’américain ou le canadien moyen fait en principe la distinction entre un loup et un coyote et moi-même, ayant observé les deux bêtes dans leur environnement naturel, à une vingtaine de mètres, ai immédiatement su à quoi j’avais affaire à chaque fois. Le fait est acquis que le loup et le coyote sont deux espèces différentes (remettre ça en question revient à se demander si tigre et lion sont de la même espèce, alors là, on ne s’en sort plus, il faut bien quelques « bases » supposées solides) :lol: .
le géorgien
Membre
Enregistré le : lundi 12 août 2019, 20:37
Localisation : Lys Lez Lannoy

Message par le géorgien »

Voilà ce que j'aime lire cher Carabus ! :wink:

Alors quoi ça sert tout ça :?: :?: :?:
le géorgien
Membre
Enregistré le : lundi 12 août 2019, 20:37
Localisation : Lys Lez Lannoy

Message par le géorgien »

veto82 a écrit :Les croisements R. esculenta x R. esculenta ne donnent rien puisque les mâles sont sensés être stériles !
Tu as bien écris "sensés" car on a découvert ces dernières années des populations 100% esculenta en Allamagne ou au Danemark, faut que je vérifie !

Esculenta est-elle entrain de s'affranchir de ridibunda et lessonae sous nos yeux ? Une bonne espèce en création...
Avatar du membre
veto82
Membre
Enregistré le : vendredi 30 juin 2006, 23:48
Localisation : Thionville, Sarrebourg, Nancy, Liège, Louvain la neuve et Sarreguemines et oui tout cela

Message par veto82 »

Bonsoir,

J'ai été surchargé ces derniers jours et je n'ai pas pu poursuivre la discussion sur ce post , j'en suis désolé…
Je le reprends donc maintenant où il s'est arrêté.
Kïmox a écrit :Tu as bien écris "sensés"
J'ai bien écris que les mâles R. esculenta étaient "sensés" être stériles en théorie, mais il s'est avéré que ce n'était pas vraiment le cas. En fait il semblerait qu'ils interviennent moins dans la reproduction (dans les frayères mixtes), car ils adoptent un comportement relativement inadapté en présence de R. lessonae, et les femelles LL n'en veulent pas (les males R. esculenta jouent les caïd et veulent casser la gueule à tout le monde, attitude que les femelles R. lessonae n'acceptent guère :roll: )… Par contre comme je l'ai dit on s'est rendu compte que les croisements RLXRL existaient…

En revanche, Sat, j'ai eu un peu de mal a comprendre ce que tu voulais dire avec tes 3n ect… Chez R. esculenta, les mâles et femelles 3n sont relativement rares, la plupart des individus sont diploïdes.

Le blé de consommation (Triticum aestivum), que tu sembles prendre comme exemple, est, par contre, un allopolyploïde (à 42 chromosomes), qui serait issus de l'hybridation (il y a 8000 ans) d'un blé cultivé (probablement Triticum durum et pas Triticum turgidum= blé poulard, dont le blé des pharaons est la forme rameuse) tétraploïde (à 28 chromosomes) et une graminée sauvage à 14 chromosomes (probablement Aegylops squarrosa)… Les Allopolyploïdes et les autopolypoïdes interviennent dans les modes de spéciations sympatriques.
Sat a écrit :en fait si celui du carassin argenté y rentre, mais les noyaux ne fusionnent pas et ce gamète mâle y meurt. Mais cela active le cycle de mitose. Théoriquement (mais ce n'est que ma spéculation), cette intrusion doit provoquer le doublement de la ploïdie permettant l'ovule (haploïde) de devenir diploïde. Ensuite, la mitose est un phénomène classique chez les cellules diploïdes

La spéculation est bonne, Eugène Bataillon activait des ovocytes de tritons en simulant l'"impact" du spermatozoïde (en leur faisant de la microacuponcture :lol: ).
Par contre pour doubler la ploïdie il faut d'abord un cycle cellulaire (une phase S et une phase M (car lors des premières divisions du zygote les phases G1 et G2 sont absentes)) dont la mitose (attention mitose ce n'est pas tout le cycle, mais l'étape ou les chromosomes se séparent) se bloque en métaphase, au plus tard, (avec les chromosomes sur la plaque équatoriale) sans cytodiérèse (si la mitose se poursuivait normalement, on obtiendrait alors n chromosomes à 2 chromatides et si la mitose était complète l'embryon resterait haploide; c'est le cas chez les abeilles pour former les mâles) puis un autre cycle avec une phase S (à l'issue de laquelle on aurait donc 2n chromosomes a 2 chromatides) et une phase M complète…
Ces non-disjonctions de chromosomes sont des phénomènes importants chez les espèces allopolyploïdes et autopolypoïdes (et je ne parle pas des populations Robertsoniennes) mais je continue à trouver que l'on s'éloigne un peu…
Alastor a écrit :La définition de départ est basée sur la reproduction (sexuée)… mais qu'elle peut très bien, car rien n'est universel, souffrir de quelques exceptions, heureusement limitées !
Cette définition la de l'espèce n'intéresse qu'une partie du monde vivant (on l'oublie souvent), 10 à 20 millions d'espèces sur la 100aine de millions estimée vivant actuellement, c'est pas si négligeable… mais effectivement tu as bien raison de faire remarquer que la nature se moque bien de nos étiquettes… Un insecte c'est pas un timbre ou une petite figurine, c'est un être vivant, et l'échantillon entomologique que l'on à sous les yeux c'est le moment présent d'une évolution
Mais comme Sat le dit fort justement:
Sat a écrit :ce principe se nomme "modèle" et les rangs taxonomiques, qui ne sont ni plus ni moins que la définition arbitraire d'états dans le continuum de l'évolution, justifiés par le fait qu'ils sont "statistiquement" les cas les plus rencontrés
Il faut juste ne pas adopter un modèle trop rigide et non évolutif puisque ce que nous étudions évolue…
Pour en revenir à la définition de l'espèce, Mayr en 1989à rajouté à sa première définition (mixiologique) une dimension écologique (une espèce occupe une niche particulière dans la nature) Mais bon souvent en entomologie, la seule niche écologique connue de l'insecte c'est la boite dans laquelle il est épinglé!!!!
Et dans la pratique la définition de l'espèce qui prime, c'est celle que j'avais donné dans mon premier post: "une espèce est une population reconnue comme telle et décrite par un systématicien connu" (les petits melolonthides éthiopiens récoltés par littlebeetle23 y répondent parfaitement)
Bon après on s'éloigne du sujet initial de natio…
On peut, je l'ai déjà dit remonter les natio aux rangs de ssp, donc (pour reprendre l'exemple de Daniel) M. violaceus purpurascens laevicostatus deviendrait alors M. violaceus laevicostatus et on aurait un M. violaceus purpurascens. Mais comment alors mettre en évidence que M. violaceus laevicostatus et ses copains (comme pseudofulgens par exemple) ont tous les mêmes caractéristiques (aedeage, sculpture) de l'autre ssp M. violaceus purpurascens; tandis que l'autre ssp ,neesi, à un aedeage qui est identique à celui de germani (j'espère que je ne dis pas d'aneries). Il est évident que l'on peut regrouper toutes ces nouvelles ssp en grands groupes de tendance évolutive supposée différente, qui seraient alors suprasubspécifiques; ce que le CINZ n'accepterait pas plus que les natio actuels.
Après personnellement, je conserverais les natio car les caractères qui les ségrègent sont, à mon avis, un peu trop secondaires pour en faire des ssp bien tranchées, tandis que l'on a un excellent faisceau de probabilité tendant à confirmer un isolement et une nette divergence évolutive. Bon après, il est vrai que cela ne dérange pas forcément des entomologistes reconnus de caractériser une ssp voire une espèce par des caractères que l'on pourrait considérer comme mineurs (je lisais encore il y a quelques jours la descriptions d'une nouvelle espèce de cerambycide du Cameroun qui ne différait de l'autre avec laquelle elle était sois disant confondue que par une répartition un tout petit peu plus alticole et une épine a l'apex de chaque élytre… bof bof… :wink: )

Bon comme je ne suis jamais tranquille en ce moment :evil: j'essayerais de répondre au reste demain...

Veto82
Sujet précédentSujet suivant

Retourner vers « Coléoptères »