Bonsoir,
J'ai été surchargé ces derniers jours et je n'ai pas pu poursuivre la discussion sur ce post , j'en suis désolé…
Je le reprends donc maintenant où il s'est arrêté.
Kïmox a écrit :Tu as bien écris "sensés"
J'ai bien écris que les mâles
R. esculenta étaient "sensés" être stériles en théorie, mais il s'est avéré que ce n'était pas vraiment le cas. En fait il semblerait qu'ils interviennent moins dans la reproduction (dans les frayères mixtes), car ils adoptent un comportement relativement inadapté en présence de
R. lessonae, et les femelles LL n'en veulent pas (les males
R. esculenta jouent les caïd et veulent casser la gueule à tout le monde, attitude que les femelles
R. lessonae n'acceptent guère

)… Par contre comme je l'ai dit on s'est rendu compte que les croisements RLXRL existaient…
En revanche, Sat, j'ai eu un peu de mal a comprendre ce que tu voulais dire avec tes 3n ect… Chez
R. esculenta, les mâles et femelles 3n sont relativement rares, la plupart des individus sont diploïdes.
Le blé de consommation (
Triticum aestivum), que tu sembles prendre comme exemple, est, par contre, un allopolyploïde (à 42 chromosomes), qui serait issus de l'hybridation (il y a 8000 ans) d'un blé cultivé (probablement
Triticum durum et pas
Triticum turgidum= blé poulard, dont le blé des pharaons est la forme rameuse) tétraploïde (à 28 chromosomes) et une graminée sauvage à 14 chromosomes (probablement
Aegylops squarrosa)… Les Allopolyploïdes et les autopolypoïdes interviennent dans les modes de spéciations
sympatriques.
Sat a écrit :en fait si celui du carassin argenté y rentre, mais les noyaux ne fusionnent pas et ce gamète mâle y meurt. Mais cela active le cycle de mitose. Théoriquement (mais ce n'est que ma spéculation), cette intrusion doit provoquer le doublement de la ploïdie permettant l'ovule (haploïde) de devenir diploïde. Ensuite, la mitose est un phénomène classique chez les cellules diploïdes
La spéculation est bonne, Eugène Bataillon activait des ovocytes de tritons en simulant l'"impact" du spermatozoïde (en leur faisant de la microacuponcture

).
Par contre pour doubler la ploïdie il faut d'abord un cycle cellulaire (une phase S et une phase M (car lors des premières divisions du zygote les phases G1 et G2 sont absentes)) dont la mitose (attention mitose ce n'est pas tout le cycle, mais l'étape ou les chromosomes se séparent) se bloque en métaphase, au plus tard, (avec les chromosomes sur la plaque équatoriale) sans cytodiérèse (si la mitose se poursuivait normalement, on obtiendrait alors n chromosomes à 2 chromatides et si la mitose était complète l'embryon resterait haploide; c'est le cas chez les abeilles pour former les mâles) puis un autre cycle avec une phase S (à l'issue de laquelle on aurait donc 2n chromosomes a 2 chromatides) et une phase M complète…
Ces non-disjonctions de chromosomes sont des phénomènes importants chez les espèces allopolyploïdes et autopolypoïdes (et je ne parle pas des populations Robertsoniennes) mais je continue à trouver que l'on s'éloigne un peu…
Alastor a écrit :La définition de départ est basée sur la reproduction (sexuée)… mais qu'elle peut très bien, car rien n'est universel, souffrir de quelques exceptions, heureusement limitées !
Cette définition la de l'espèce n'intéresse qu'une partie du monde vivant (on l'oublie souvent), 10 à 20 millions d'espèces sur la 100aine de millions estimée vivant actuellement, c'est pas si négligeable… mais effectivement tu as bien raison de faire remarquer que la nature se moque bien de nos étiquettes… Un insecte c'est pas un timbre ou une petite figurine, c'est un être vivant, et l'échantillon entomologique que l'on à sous les yeux c'est le moment présent d'une évolution
Mais comme Sat le dit fort justement:
Sat a écrit :ce principe se nomme "modèle" et les rangs taxonomiques, qui ne sont ni plus ni moins que la définition arbitraire d'états dans le continuum de l'évolution, justifiés par le fait qu'ils sont "statistiquement" les cas les plus rencontrés
Il faut juste ne pas adopter un modèle trop rigide et non évolutif puisque ce que nous étudions évolue…
Pour en revenir à la définition de l'espèce, Mayr en 1989à rajouté à sa première définition (mixiologique) une dimension écologique (une espèce occupe une niche particulière dans la nature) Mais bon souvent en entomologie, la seule niche écologique connue de l'insecte c'est la boite dans laquelle il est épinglé!!!!
Et dans la pratique la définition de l'espèce qui prime, c'est celle que j'avais donné dans mon premier post: "une espèce est une population reconnue comme telle et décrite par un systématicien connu" (les petits melolonthides éthiopiens récoltés par littlebeetle23 y répondent parfaitement)
Bon après on s'éloigne du sujet initial de natio…
On peut, je l'ai déjà dit remonter les natio aux rangs de ssp, donc (pour reprendre l'exemple de Daniel)
M. violaceus purpurascens laevicostatus deviendrait alors
M. violaceus laevicostatus et on aurait un
M. violaceus purpurascens. Mais comment alors mettre en évidence que
M. violaceus laevicostatus et ses copains (comme
pseudofulgens par exemple) ont tous les mêmes caractéristiques (aedeage, sculpture) de l'autre ssp
M. violaceus purpurascens; tandis que l'autre ssp ,
neesi, à un aedeage qui est identique à celui de
germani (j'espère que je ne dis pas d'aneries). Il est évident que l'on peut regrouper toutes ces nouvelles ssp en grands groupes de tendance évolutive supposée différente, qui seraient alors suprasubspécifiques; ce que le CINZ n'accepterait pas plus que les natio actuels.
Après personnellement, je conserverais les natio car les caractères qui les ségrègent sont, à mon avis, un peu trop secondaires pour en faire des ssp bien tranchées, tandis que l'on a un excellent faisceau de probabilité tendant à confirmer un isolement et une nette divergence évolutive. Bon après, il est vrai que cela ne dérange pas forcément des entomologistes reconnus de caractériser une ssp voire une espèce par des caractères que l'on pourrait considérer comme mineurs (je lisais encore il y a quelques jours la descriptions d'une nouvelle espèce de cerambycide du Cameroun qui ne différait de l'autre avec laquelle elle était sois disant confondue que par une répartition un tout petit peu plus alticole et une épine a l'
apex de chaque
élytre… bof bof…

)
Bon comme je ne suis jamais tranquille en ce moment

j'essayerais de répondre au reste demain...
Veto82