Bonsoir,
Je tiens à redire que je n'ai pas assez d'expérience avec cette espèce pour pouvoir être catégorique.
Néanmoins, si l'on se réfère aux ouvrages disponibles (désolé, je ne lis pas un traitre mot d'allemand, autrement dit mes sources d'infos sur les bourdons ne sont pas germanophones) :
- Bourdons d'Europe de chez NAP 2021 : Les populations au Nord du 45° parallèle sont planicoles et fréquentent surtout les landes à Ericaceae.
Partout dans sa distribution, cette espèce fréquente souvent les milieux riches en Ericaceae.
Sur 702 reines, 326 ont été collectées butinant le genre
Vaccinium. Pas d'infos sur le nombre d'individus capturés sur
Brassica, Lamium et
Trifolium, trop faible ? Omission ?
Il est dit également
Les Ericaceae jouent donc surtout un grand rôle dans l'alimentation des reines et des ouvrières.
- Atlas des bourdons de Loire Atlantique, par Gilles Mahé 2015: Bombus cryptarum a, comme Bombus magnus, une préférence alimentaire pour les Ericaceae.
La conservation des landes à Ericaceae est primordiale pour la sauvegarde de cette espèce
- Contribution à la connaissance des bourdons de Basse Normandie, par le Gretia 2016 : Il est donné des landes humides boisées, sur myrtilles et bruyères. Ceci semble confirmé par les quelques indications de milieux associées aux données bas-normandes. [...] Lorsqu’elles sont mentionnées (3 stations), les plantes butinées sont la bruyère cendrée, la ronce et la centaurée noire.
- Atlas des bourdons de Belgique et du nord de la France 2020 : Le bourdon cryptique est principalement lié aux milieux riches en Ericacées, ce qui correspond dans notre région à des landes atlantiques.Toutefois, il peut aussi être présent en milieu suburbain dans les jardins ornés de rhododendrons (Rhododendron sp.) et de diverses bruyères (Éricacées).
Concernant les préférences florales :
Les principales plantes butinées par les femelles sont les myrtilles (Vaccinium myrtillus) et la callune (Calluna vulgaris).
- Atlas des bourdons européens et leurs risques climatiques, par P. Rasmont et al., 2015 : In Europe, this species generally inhabits heaths and moors with abundant Ericaceae flowers which are its main food resource (e.g. Vaccinium spp., Erica spp., Rhododendron spp.)
-Les Bourdons du genre Bombus Latreille sensu stricto en Europe Occidentale et Centrale (Hymenoptera, Apidae), par P. Rasmont 1984 : Tous les spécimens de ces deux espèces issus de mes récoltes personelles et la majorité de ceux de la collection Reinig ont été capturés dans des landes à Ericaceae. Ces deux espèces [B. cryptarum et B. magnus] pourraient donc être qualifiées d' "éricophiles sténotopiques". Elles se rapprochent en cela de Pyrobombus jonellus (Kirby, 1802) que l'on capture d'ailleurs souvent dans les mêmes stations (Reinig, 1976). Ce caractère éricophile semble confirmé par les distributions géographiques centrées sur les régions de landes à Ericaceae des B. magnus et B. cryptarum Ball en Belgique.
Dans la plupart de ces documents, il est stipulé qu'il est très difficile de séparer cette espèce des espèces du même sous-genre, qui sont très semblables en termes de coloration et de caractères anatomiques.
Je me fie aux dires de toutes ces personnes, certaines ayant étudié les bourdons toute leur vie.
Personnellement, j'évite d'identifier ce sous-genre sur photo, exceptions faites des individus ultra typiques et présents dans leur milieu de prédilection. Ici, le spécimen semble bien marqué, typique avec sa virgule noire au
collare, mais en l'absence de ses plantes favorites dans les environs je préfère ne rien affirmer. Quand bien même, la plante visitée ne fait pas l'identification puisqu'un bourdon sur une fleur peut collecter du pollen, ou simplement s'abreuver de nectar ! En ceci, toutes les espèces oligolectiques visitent un certain nombre d'espèces florales sans pour autant collecter du pollen sur ces espèces.
Quant à savoir si associer les reines de cette espèce à ces milieux particuliers est pertinent, je pense qu'il l'est dans le sens où la distance de dispersion des bourdons n'est pas très élevée d'après les études que j'ai pu lire (je ne me souviens plus exactement de la distance parcourue), même si cette dispersion est souvent mesurée sur les ouvrières et leur distance par rapport au nid. J'imagine qu'une reine sortant d'hibernaculum se met en quête de nourriture, et qu'elle doit parcourir une certaines distance. Mais je suis persuadé qu'elle ne parcourt pas plusieurs kilomètres entre ses sources de nourriture et ses habitats propices à sa nidification.
Mais comme je l'ai dit, je n'ai qu'une trop faible expérience en bourdons, et je me fourvoie peut-être. Je demanderai ce qu'il en pense à Gilles Mahé à l'occasion
