[Aeshna affinis] Aeschne

Libellules, agrions et autres demoiselles...

Animateur : Bertrand P

dom73
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 24 juillet 2011, 12:35
Localisation : Champagny en Vanoise - Savoie

Aeschne

Message par dom73 »

jpg78 a écrit :Je voudrais préciser que la base de données France a été mise en place par la SFO qui la soustraite à L'OPIE.
C'est très bien qu'une base France existe, j'espère juste qu'elle parvient à récupérer toutes les données saisies ici ou là, sous tel ou tel outil et ce, sans que ça nécessite des centaines d'heures de travail après des mois (ou années) de négociations pour signer les incontournables conventions de partage de données...
jpg78 a écrit :D'autre part, à la dernière AG de l'OPIE, il nous a été présenté un nouveau logiciel plus performant qui devrait être opérationnel avant fin 2014.
Le problème des "logiciels plus performants", c'est qu'on en développe tous les jours et un peu partout et qu'à chaque fois, on disperse un peu plus les données et on passe encore du temps à récupérer les anciennes données dans le nouvel outil. On sait bien qu'au bout, tout finit par être récupérable mais à quel prix !
jpg78 a écrit :Le principe, cependant, c'est qu'il faut des observateurs sur le terrain.
Le principe, à mon avis, c'est surtout qu'il importe de ne pas démotiver les observateurs... et, même mieux, de les motiver : saisie en ligne conviviale + mise en valeur de ses propres données (genre carto, phéno... automatisées, ce qui demande juste quelques lignes de code supplémentaires et ne représente presque rien sur le développement d'un tel outil)
jpg78 a écrit :Pour l'anecdote, il y a une région de l'OPIE qui travaille avec celui de la LPO ce qui évidemment n'est pas très cohérent pour la remontée de données !
Des anecdotes comme celle-ci, malheureusement, on en connaît tous plusieurs et le plus embêtant, c'est que les choses n'ont pas l'air de changer beaucoup au fil des années...

Jean Paul, j'espère que mes remarques ne te sembleront pas trop agressives... Comme toi, je suppose, je fournis mes données avec plaisir, je regrette juste parfois que tant de temps et d'énergie soient perdus pour des raisons pas toujours très bonnes !
Modifié en dernier par dom73 le jeudi 7 août 2014, 20:22, modifié 1 fois.
Dom

Balises :
dom73
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 24 juillet 2011, 12:35
Localisation : Champagny en Vanoise - Savoie

Aeschne

Message par dom73 »

tioneb a écrit :Ce qu'il faut c'est que les données soient données, qu'elles soient répertoriées localement. Pour au moins être utilisées localement par les odonatologues. Plus tard on verra si les BDD fusionnent.
Mais pour faire quoi au plan national ? Un atlas national qui sert à qui ? Des plans de sauvegardes ?
L'intérêt d'une appli nationale, c'est l'homogénéité :
- de la saisie pour les utilisateurs : si je vais en vacances en Ardèche (par exemple...), je suis plus motivé pour saisir mes données si je connais l'outil que s'il faut que je me ré-approprie un autre logiciel
- de l'exploitation pour... ceux qui exploitent, qui qu'ils soient et ça peut très bien être une exploitation locale à partir d'une base nationale
Quant à la "fusion plus tard", elle se fera, c'est vrai, on y arrive toujours mais quelle perte de temps !
Dom
Avatar du membre
tioneb
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 3 juin 2007, 6:14
Localisation : Beaupréau, Maine et Loire, 49

Aeschne

Message par tioneb »

Mon intervention, provocatrice, se voulait axée sur l'utilisation, voire l'utilité des données, surtout au plan national.
Cela sert à quoi pour les libellules, pour la protection des espèces sensibles, d'avoir des données ?
C'est utilisé par les odonatologues; concrètement, à part faire des atlas, quelles actions concrètes, quelles actions de terrain sont issues de ces collectes de données ? :roll:
Quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend, on n'est pas surpris de penser ce qu'on pense.
jpg78
Membre
Enregistré le : lundi 21 juillet 2014, 14:59
Localisation : yvelines

Aeschne

Message par jpg78 »

tioneb a écrit :Mon intervention, provocatrice, se voulait axée sur l'utilisation, voire l'utilité des données, surtout au plan national.
Cela sert à quoi pour les libellules, pour la protection des espèces sensibles, d'avoir des données ?
C'est utilisé par les odonatologues; concrètement, à part faire des atlas, quelles actions concrètes, quelles actions de terrain sont issues de ces collectes de données ? :roll:
A faire le PNA par exemple
Jean-Paul
jpg78
Membre
Enregistré le : lundi 21 juillet 2014, 14:59
Localisation : yvelines

Aeschne

Message par jpg78 »

dom73 a écrit : Jean Paul, j'espère que mes remarques ne te sembleront pas trop agressives... Comme toi, je suppose, je fournis mes données avec plaisir, je regrette juste parfois que tant de temps et d'énergie soient perdus pour des raisons pas toujours très bonnes !
De toute manière je ne me sens pas du tout concerner mais je transmettrais ces remarques à ceux qui travaillent sur le sujet.
Cette base fait suite à Invod à laquelle certains d'entre vous ont participé et que l'on trouve sur les site de la SFO. Depuis 2004, la SFO n'a plus était en mesure, faute de bénévole, de poursuivre d'où la reprise en 2010 par l'OPIE.
Je vous dis juste que ça existe et que ça va être amélioré.
Je ferais certainement une formation et je vous en dirais plus.
Jean-Paul
Avatar du membre
tioneb
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 3 juin 2007, 6:14
Localisation : Beaupréau, Maine et Loire, 49

Aeschne

Message par tioneb »

Quelles actions concrètes sont issues du PNA ? Améliorer l'étude des odonates. C'est sûr, c'est bien. Lancer un nouveau PNA, aussi. Tout cela est indispensable.
Rien de concret. Rien sur le terrain. Il faudra un certain temps.
Je pense que la réunion des données au plan national est utile, sans doute, mais la saisie locale permettant de déboucher sur des action locales est beaucoup plus importante.

Je n'ai sans doute pas une vision élargie de la question, je me tiens au niveau du fossé, du ruisselet dans le pâturage, du canal d'irrigation fructifère et néanmoins terriblement ferroviaire. Savoir que le canal d'irrigation (un autre) est asséché pendant un mois et curé une fois par an est plus important que de remplir la maille b75 A211l69 (je suis assez mauvais en tricot).

Je serais ravi de déclencher des réactions par mes propos volontairement provocateurs, je le rappelle :oops: et qu'on me montre que je me trompe et que des actions concrètes de préservations sont en cours. Beaucoup d'intervenants nous lisent; ce serait intéressant qu'ils montrent quelles actions sont entreprises, il y en a bien sûr :wink: .

[Juste pour rire et cela n'est en rien une critique du travail de terrain et de bureau effectué par des personnes de qualité. Je lis que 95% des régions ont été impliquées, et en pièce jointe on a d'ailleurs la carte (qui montre, que le bretons sont en attente...). Ce qui m'interpelle c'est que je découvre qu'en France nous avons au moins 100 ou plus de 100 régions, sinon pourquoi 95% ? :wink: ]
Quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend, on n'est pas surpris de penser ce qu'on pense.
Avatar du membre
oxie
Membre confirmé
Enregistré le : lundi 5 novembre 2007, 20:35

Aeschne

Message par oxie »

Ces données sont vitales! et ce car elles permettent de mieux appréhender la biogéographie fine des espèces aussi bien communes que rares ou sensibles. Depuis plus de 10 ans que je fais de la collecte, grâce aux efforts des observateurs sur terrain en Belgique nous avons considérablement affiné les données de base pour pas mal d'espèces. Certaines qui étaient peu contactées, sont maintenant bien mieux connues (le cas criant est Sympecma fusca qui était considéré comme éteint en Wallonie alors que les seuls prospecteurs étaient des entomo professionnels n'ayant pas les moyens ni l'argent de faire assez de terrain pour les chercher, les prospections se multipliant elle a été contactée sur plus de 60 sites!).

Ces données permettent aussi de préciser les statuts de certaines espèces ainsi pour le cas qui me préoccupe, Oxygastra elle a été rétrogradée de "en danger critique d'extinction" à "en danger" (ce qui signifie que les populations étaient totalement sous estimées), nous la plaçons dans la catégorie "endangered locally" dans le rapport européen parce que cela tient compte du fait de sa rareté relative (peu d'individus contactés), sa répartition limitée (elle est très localisée) et sa discrétion.

Les prospections prennent aussi place dans des programmes pour surveiller des lieux sensibles comme les fagnes dont je m'occupe, et évaluer l'impact des travaux qui ont été réalisés grâce aux moyens des projets 'LIFE HF". Ces programmes de surveillance ont été assurés par les pro tant qu'ils étaient financés mais maintenant ils sont entièrement assurés par des bénévoles comme moi. En croisant les données avec celles de spécialistes d'autres pays comme la Hollande ou l'Allemagne avec lesquelles nous entretenons d'excellents rapports on peut proposer des plans au niveau national les coordonner et développer des synergies (les échanges de données permettent aux acteurs de se réunir autour de la table pour discuter des solutions envisagées et pour échanger sur les expériences, voir ce qui a fonctionné ou pas et donc profiter du savoir des autres). Les évaluations de terrains permettent aussi de voir que certaines espèces très rares et localisées sont en fait très communes dans les biotopes qui leur conviennent (le cas de subarctica est très éclairant, voir ce que dit René Manger pour la région de Drenthe au pays -Bas). Bref tout ça ne serait pas possible sans la collecte de toutes les données de terrain et leur exploitation.

Donc pour résumer: exploitation des données au niveau national en belgique: colloque sur l'odonatofaune et actions de préservation concertées, suggestions au communes de plan de développement de certains biotopes favorable au maintient ou à l'installation des odonates (je l'ai fait dans ma région de Namur) cela débouche sur la réactions d' articles qui sont des compilations de suivi des espèces, de biogéographie fine et phénologie, d'Ethologie, de répartition et de dynamique des populations, (publié dans un numéro spécial des naturalistes belges que j'ai déjà souvent cité).

Après Avoir des données au niveau national permet d'insérer l'odonatofaune de son pays dans une vision plus globale et européenne des populations. Cela permet alors de proposer des lectures à spectre plus global comme de voir que des déplacements de libellulidae de Silésie et de Pologne ont des répercussions immédiates sur nos populations locales de par l'installation de nouveaux arrivants, mais aussi des impacts à plus long terme si reproduction est constaté (le cas le plus célèbre sont les migrations de Leucorrhinia pectoralis considérée comme éteinte en Wallonie au milieu des années 90 et maintenant contactée sur plus de 25 carrés UTM) :wink:
Avatar du membre
tioneb
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 3 juin 2007, 6:14
Localisation : Beaupréau, Maine et Loire, 49

Aeschne

Message par tioneb »

Ce que tu me décris montre exactement l'inverse; plus on prospecte plus on s'aperçoit que les bestioles qui semblaient rares ne le sont pas. Ce sont les prospecteurs qui sont rares. :wink: Tu voudrais démontrer que la prospection met en évidence que les espèces rares ne le sont pas et que d'éventuelles mesures de protection ne sont pas d'actualité que ...
oxie a écrit :on peut proposer des plans au niveau national les coordonner et développer des synergies.
Mais pour faire quoi ? Quoi de concret à part lancer des études?
Quand je dis concret, je dis une action matérielle! Pas lancer une nouvelle étude, une commission de réflexion, un comité de sensibilisation...
Quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend, on n'est pas surpris de penser ce qu'on pense.
dom73
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 24 juillet 2011, 12:35
Localisation : Champagny en Vanoise - Savoie

Aeschne

Message par dom73 »

tioneb a écrit :Je pense que la réunion des données au plan national est utile, sans doute, mais la saisie locale permettant de déboucher sur des action locales est beaucoup plus importante.
Comme je le disais plus haut, saisir au niveau national a l'avantage de l'homogénéité et permet des études dans un but de connaissance pure (parfois non immédiatement concrète, comme tu le dis)
Mais ça n'empêche pas, bien au contraire, une exploitation au niveau local par extraction de données ponctuelles qui peuvent être utilisées pour des actions locales de préservation bien concrètes, relayées par les personnes de terrain locales
L'intérêt de l'outil national est de permettre les 2 types d'utilisation des données, ce qui n'est pas le cas si les données sont éparpillées dans x outils.

Encore faut-il que ces données nationales soient rendues accessibles aux acteurs locaux, ce qui est encore un autre débat...
Dom
Avatar du membre
oxie
Membre confirmé
Enregistré le : lundi 5 novembre 2007, 20:35

Aeschne

Message par oxie »

Du concret: surveillance des populations de libellules entre la belgique frontalière et la Rhénanie palatinat. Travaux conjoints décidés dans les fagnes frontalières (étrépages, creusement de mares, énnoiement de zones favorables, retraits de drains, reconstruction de remparts naturels de lithalses, etc...pour le LIFE HF plus de 700 mares creusées et entretenues, budget européen. Autre exemple, évaluation avec les acteurs de la production sylvicole en Epicea des retombées économiques et de la production dans les HF. Résultat les producteurs en sont venus à la conclusion que ce n'était pas rentable, donc en est en train de dérésiner et désoucher toutes les zones proches de la baraque de fraiture. Résultat concret, les fagnes qui étaient séparées sont maintenant de nouveau réunies (grand fagnes, sacrawée et Massotais en plus maintenant des fagnes du sud de la zone).

Je ne dis absolument pas que les mesures de protections ne sont pas ou plus utiles certainement pas, mais en connaissant mieux l'état des populations de façon globales, on appréhende mieux leur évolution, positive ou négative et on est alors en mesure de réagir. Le fait est que quand on cherche on se rend compte qu'on trouve et là si on ne trouve pas on peut lancer le signal d'alarme comme c'est hélas le cas pour beaucoup de nos papillons.

Ainsi je te donne une exemple d'une sablière que j'ai suivi en Flandre. 39 espèces de papillons de jour, mauvaise initiative de la région flamande, ouvrir la sablière à tout public et en particulier aux sports moteurs comme les quads. Résultat gros travaux d'aménagement avec beaucoup de terrassement, niveau rhopalocère 16! Catastrophe. Evaluation d'un comité de concertation, suggestion à la DG03, fermeture de la zone plus sensible et remise en état. 10 ans plus tard, remontée à 30 espèces. voilà du concret. Certes tout ne va pas bien. mais il appartient justement à nous de rendre nos rapports pour attirer l'attention des organismes agrées.

Ainsi les nombreux rapports que nous avons remis ont permis par exemple d'éviter de dénaturer pas mal de berges (éviter la coupe des aulnes et des saules sur les berges de certaines rivières que les riverains voulaient voir plus dégagées). Nous avons même parfois le pouvoir de suggérer la création de zones refuge, ainsi j'ai été à l'origine du classement de certaines zones qui étaient jugées comme non propices et que je surveille depuis des années pour continuer les évaluation à long terme. Elles bénéficient maintenant du statut de SGIB ou sites de grand intérêt biologique avec les statuts de protections adéquat. :wink:

Retourner vers « Odonates »