Un comportement bizarre observé hier: un adulte de Pyrochroa serraticornis vient se poser sur le dos d'un méloé et semble s'y accrocher fermement. Le méloé poursuit sa route de son pas bancal et transporte le mazarin des écorces un bon moment. Sur la photo, on a l'impression que Pyrochroa serraticornis a régurgité un liquide jaunâtre. Est-ce qu'il pourrait subir la toxicité du méloé ? Comment interpréter ce comportement bizarre ? Peut-être un simple hasard ?
Autre obs d'un autre méloé à 200m de là en train de boulotter une feuille d'anémone des bois. Les feuilles de ficaire ne sont donc pas le seul aliment des adultes !
Sinon, vous être d'accord pour violaceus concernant le méloé sur la photo ?
Thierry roy : France : La Trétoire : 77510 : 22/04/2022
Altitude : 80 m - Taille : non mesuré Réf. : 301054
Peut-être à rapprocher de ce sujet viewtopic.php?t=49026 où des Diptères Ceratopogonidés viennent se gaver de Cantharidine. Ce Cardinal subirait-il une addiction à ce même produit ?
thierry r. a écrit : samedi 23 avril 2022, 7:21
Sinon, vous être d'accord pour violaceus concernant le méloé sur la photo ?
Effectivement, à mon avis, pas de problème pour qu'il s'agisse de M. violaceus, la petite "corne" est bien visible entre pronotum et élytres.
Cymatia a écrit : samedi 23 avril 2022, 10:05
où des Diptères Ceratopogonidés viennent se gaver de Cantharidine
Curieux cette "délectation" pour la Cantharidine ... d'autant que dans Wilkipedia on peut lire que "L'hémolymphe du méloé violet est particulièrement riche en cantharidine ce qui en fait pour les agresseurs de cet insecte un composé aussi toxique que la strychnine. "
Sans doute que cette protection chimique vise plus particulièrement les vertébrés (?)
Alain
"Mon église, c'est toute cette beauté qui m'entoure !" - P. Rabhi
Merci pour tous ces éléments. Je n'avais pas du tout imaginé cette collecte de cantharidine par d'autres insectes. Le phénomène semble connu chez certains Pyrochroidés:
"Chez des cardinaux nord-américains du genre Neopyrochroa, on a mis en évidence de curieux comportements en lien avec ce poison. Les mâles recherchent des espèces de la famille des Méloidés, gros scarabées qui fabriquent la cantharidine en grandes quantités (voir la chronique sur « l’enfle-bœuf ») et récupèrent sur eux cette substance qu’ils ingèrent ; on ne sait pas comment s’effectue cette collecte : peut-être sur des méloés trouvés morts ? En tout cas, on les qualifie de cantharidophiles ! Ensuite, ils affichent leur collecte lors de parades sexuelles pour attirer les femelles : par une fente située entre les deux yeux, ils exsudent une sécrétion enduite d’une certaine dose de la cantharidine ingérée auparavant ! Les femelles semblent capables d’apprécier la qualité du mâle à la dose de cantharidine qu’il propose. Lors de l’accouplement, le mâle injecte le reste de sa réserve de poison avec son paquet de sperme (spermatophore) et la femelle va en enduire ses œufs qui seront ensuite protégés des attaques de prédateurs dont celles de larves d’autres coléoptères !"
Source: https://www.zoom-nature.fr/des-coleopte ... cardinaux/
Et effectivement, ce qui est toxique pour les vertébrés ou mammifères ne l'est pas nécessairement pour les insectes !
Oui c'est exactement ça, les Pyrhochroidae sont incapables de produire de la cantharidine ils en volent donc aux dépends des Meloidae.
C'est particulièrement bien connu pour certaines espèces Nord Américaine, beaucoup moins pour des espèces européennes, mais pas inconnu quand même : https://www.researchgate.net/publicatio ... rochroidae
Oui, c'est assez fascinant ce genre de relations entre espèces... et un gros coup de bol de pouvoir les observer.
Ce que je peux ajouter, c'est que le Pyrochroa s'est posé très directement sur le méloé, il m'a semblé qu'il était visé précisément, ce qui suppose un bon détecteur à méloé intégré...
, merci d'avoir partagé cette obs' !