Je viens aujourd'hui vous soumettre un problème qui, pour personnel qu'il paraisse, doit nécessairement être rencontré par beaucoup d'autres entomos.
J'ai souvent essayé de collecter sous la pluie, et à chaque fois le plaisir se transforme en corvée : malgré mon chapeau à bords de 7 cm, mes lunettes se mouillent continuellement, je passe mon temps non pas à chasser mais à les essuyer, et mon mouchoir se convertit en tonneau des Danaïdes dans lequel j'engoufffre de plus en plus d'eau céleste, tandis que l'essorage répétitif de mes binocles se transforme en imitation de l'épreuve de Sisyphe.
Jusqu'à présent j'ai supporté ces petits inconvénients de l'existence entomologique avec l'infinie patience que confère le vieil âge, mais je dois aller en février chasser au drap lumineux en Guyane ; et en Guyane, les choses se corsent (si j'ose dire): ce n'est plus de pluie mais de cataractes qu'il s'agit. Un Gaulois, en février et en Guyane, aurait su, et non pas craint, que le Ciel lui tombait sur la tête. Et pas question d'apporter sa provision de mouchoirs : à raison d'un par seconde, des wagons entiers n'y suffiraient pas.
J'ai essayé de résoudre ce problème de diverses façons: remplacer des lunettes par des lentilles ne ferait pas l'affaire dans mon cas, j'ai trop de défauts oculaires conjugués. Prendre un chapeau à larges bords (10 cm ou plus) : je n'ai trouvé que des chapeaux australiens en coton huilé, qui ne tiendront pas la distance et seront devenus des serpillières au bout de deux ou trois nuits. Les bords des chapeaux en ciré sont trop mous, et ne protègent pas les bésicles comme le ferait un bord rigide.
Je ne peux tout de même pas me clouer une plaque de plexiglass dans la tête... !

Un distingué collègue porteur de lunettes aurait-il une solution à m'indiquer ?
