[Anaciaeschna martini] [Japon]

[Shashinman 13]

Deuxième coche japonaise pour cette saison et une belle découverte. Je ne pensais pas avoir la chance de la voir cette année mais je suis finalement tombé dessus, par hasard, en cherchant mon chemin dans l'immense parc Banpaku à Suita. C'est probablement une des plus belles espèces de la famille Aeshnidae du pays, qui en compte 22.



J'ai croisé ce mâle, en vol, sous les arbres, dans l'obscurité totale, au bord d'un petit cours d'eau qui se jète dans un étang entouré d'arbres, juste à proximité. J'avais pensé trouver un Boyeria japonais mais en m'approchant, je commençais à comprendre, en devinant la couleur des yeux, qu'il s'agissait d'une espèce qui faisait partie de mes priorités. J'en tremblais presque de joie et d'excitation. Heureusement pour moi, j'avais pensé à mettre des piles dans mon flash car sans lui, je n'aurais rien pu faire tellement il faisait sombre (cela m'a été préjudiciable pour une autre espèce, que je vous présenterai un autre jour). Le mâle, peu farouche se laissait facilement approcher, et s'est posé à plusieurs reprises. Le coin ne manquait pas de branches basses en tout genre entre les buissons et les arbres, ce qui m'a bien aidé.



L'espèce se retrouve dans les 3/5 ième du pays de fin juin à fin septembre, avec une absence dans les régions les plus au nord. Elle est également présente en Corée, Taiwan, en Chine, dans le Sud-Est asiatique et en Inde. Les mares ou étangs forrestiers riches en végétaux sont le biotope classique. On peut la retrouver dans les zones de marécage ou dans les rizières entourées d'arbres, mais ces dernières ne semblent pas être un lieu de reproduction stable. Les femelles sont marron avec deux bandes thoraciques jaunes (ainsi que sur les côtés des premiers segments abdominaux) et des ailes ambrées plus foncées que celles du mâle (avec des taches sombre à la base). J'espère pouvoir en croiser au moins une l'année prochaine.



Une autre espèce du genre, plus rare et tout aussi belle, Anaciaeschna jaspidea, se trouve, elle, uniquement dans les îles du Sud. A noter la présence d'un c dans le nom du genre contrairement au genre classique Aeshna. Si quelqu'un en connaît la raison (il y a d'autres genre au Japon où c'est également le cas), je suis preneur...



En tout cas, la liste des espèces présentes dans ce parc commence à être bien intéressante, ce qui me conforte dans l'idée de m'y rendre plus régulièrement.





Christian Dutto : Japon : Suita : 564-8550 : 10/08/2015

Altitude : NR - Taille : 75 mm

Réf. : 149104





Christian Dutto : Japon : Suita : 564-8550 : 10/08/2015

Altitude : NR - Taille : 75 mm

Réf. : 149105





Christian Dutto : Japon : Suita : 564-8550 : 10/08/2015

Altitude : NR - Taille : 75 mm

Réf. : 149106

[Nervous breakdown]

Pour le martini, c'est au shaker, pas à la cuiller

Pardon, j'en suis tout retourné... des yeux et un front de porcelaine vernissée, je comprends cette fascination ! Ce qui me sidère aussi, c'est cette variété d'espèces qu'on peut croiser dans les parcs : sont-ils moins transformés, moins artificialisés que chez nous ?

[Shashinman 13]

Pour le martini, c'est au shaker, pas à la cuiller

Pardon, j'en suis tout retourné... des yeux et un front de porcelaine vernissée, je comprends cette fascination ! Ce qui me sidère aussi, c'est cette variété d'espèces qu'on peut croiser dans les parcs : sont-ils moins transformés, moins artificialisés que chez nous ?

Tout d'abord, il faut comprendre qu'il y a une différence de mentalité majeure entre les deux pays. Le rapport des Japonais avec la nature est beaucoup plus fort et certaines traditions sont en lien direct avec elle. De ce fait, cela explique la passion des Japonais pour la nature et que le nombre de parcs dans ce pays est très important. Il y a beaucoup d'actions en faveur de la protection environnementale, notamment des associations de volontaires qui nettoyent régulièrement certains sites naturels. J'ai constaté également l'aménagement de sites "biotopes", un peu partout, dans les parcs bien sûr mais également en ville, en zone urbaine, ce qui est très surprenant. On se retrouve donc souvent à pouvoir observer des libellules en grand nombre, y compris dans des secteurs très urbanisés. Le côté naturel de beaucoup de parcs favorise effectivement l'observation d'espèces moins courantes. De manière générale, les sites de reproduction des libellules sont très nombreux entre les innombrables cours d'eau, les étangs naturels ou aménagés et les divers points d'eau stagnantes.

[timad35]

wouah ! Ce bleu !!
(et pas que pour les yeux !)

[tioneb]

Je suis gâté, j'aime le Martini et les yeux des libellules; mais ceux-là, ouh la la! Et comme le dit Timad la teinte de bleue est rare. Ma-gni-fique

Pour ce qui est du "C" de Aeshna, je ne sais pas pourquoi il est réapparu dans ce genre comme dans le genre Rhionaeschna que j'ai rencontré au Panama. Il existe une supposée explication de la disparition du "C" et de la curieuse distinction Aeshna et Aeschne; Burmeister explique que ce serait une erreur de transcription.
Aeshna viendrait du grec aischynē qui signifierait "honte" (Burtmmeister in Handbuch der Entomologie) ou "mal foutue" (!) qui suite à une erreur de transcription aurait été transformé en Aeshna, sans le "C". Ceci sans que l'on puisse trouver une explication à cette dénomination péjorative.
Cela laisse rêveur surtout parce que Costantino D'Antonio et Francesca Vegliante dans Derivatio nominis ont une explication du nom de genre beaucoup plus satisfaisante: α = privatif et ισχνós, η, oυ = exténué qu'on pourrait interpréter comme "infatigable" en raison, et cela est sans doute la seule chose certaine, de leur capacité à rester en vol durant de très longues périodes. C'est une explication tout de même assez "plaisante".

[olivierpayen]

FASCINANT!

[dom73]

Quelle merveille !!!

[pierr07]

P....n!! Tu es sûr que ton boitier est bien réglé!! Des fois les CANON ont des soucis de rendu de couleurs....
Si tu le revends fais moi signe....

Pierre

[Bertrand P]

Incroyable !
Merci pour ce partage et Benoît pour ces détails sur le "c" (ou son absence) de Aeshna...

[Shashinman 13]

Merci à tous.

Merci Benoît pour cette précision. En cherchant sur le net, j'ai trouvé que le nom de l'espèce était d'origine française, un certain R.Martin qui a probablement découvert l'espèce. Je connaissais le martini rouge, rosé et blanc mais pas encore le bleu. Pierre doit avoir raison, il y a un truc qui cloche