Je sais que je lance un sujet houleux pour ne pas dire explosif mais il aura le mérite de mettre les pieds dans le plat une bonne fois pour toutes sur ce sujet.
Avant toute chose je me refuse à mentionner telle ou telle structure ce post n'ayant pas pour but de les ficher mais de débattre d'une situation qui n'est plus tenable.
Il y a 12 ans de cela le bac en poche je réfléchissais à continuer dans cette voie... plein d'espoirs et de déconvenues. Exigences des stages, voies totalement saturées, magouilles en tout genres, écologie en berne j'ai malheureusement très rapidement déchanté et décidé qu'il valait mieux pratiquer son entomologie en amateur. Tel est le constat fait il y a 12 ans de ça et je constate que ce problème ne c'est clairement pas arrangé il a même tendance à empirer. Ne travaillant pas dans ce milieu j'y apporte un avis extérieur mais pour avoir interrogé pas mal de monde dans ma tranche d'âge et repris contact avec mon ancienne promo certaines choses reviennent assez (trop?) souvent.
Si il ne fait pas de doutes qu'aujourd'hui les moyens alloués au naturalisme et à l'écologie en général est en berne pour ne pas dire catastrophique je constate malheureusement que cet état de fait semble bien arranger certains acteurs qui ne se privent pas.
-Les écoles proposant ce type de formations. Beaucoup de candidats pour bien trop peu de postes à moins de ne pas avoir d'exigences.(Animation, fermes pédagogiques...) ce qui par effet domino amène à toutes sortes de dérives. Après tout si ça se bouscule pourquoi s'en priver?
-Les offres de stages ou de services civiques voir carrément des demandes de bénévolats comme j'ai déjà pu voir sur les réseaux sociaux. De tout les corps de métiers je n'ai jamais vu pareilles exigences pour ce genre de chose il est demandé X années d'expériences X compétences professionnelles X diplômes X intérêts et goûts X compétences acquises en autodidacte, véhicule quasiment impératif. Le constat est amer "on veut une personne bourrées de compétences et qui ne nous coûte pas cher" et souvent voici les réponses qui reviennent souvent si on a le malheur de remettre en cause cet état de fait.
-C'est déjà une chance de travailler dans ce milieu. C'est une passion pas un métier. Il faut savoir donner sans rien recevoir. Le naturalisme n'est jamais rémunéré. Nos subventions ne suffisent pas...
Alors oui c'est un métier passion mais pour une rémunération digne d'une personne sans diplôme il vous faut.
-Un bac +3 voir +7 ou un doctorat dans certains cas précis.
-Un véhicule avec tout le coût que cela implique. Oui il y a parfois le remboursement des frais kilométriques mais cela ne compense pas l'entièreté de l'usage.
-Peu d'encadrement dans les stages (quand ces derniers ne sont pas inexistants se limitant seulement à remplir la fiche de fin de stage... cela vous parait fou et pourtant c'est assez courant.) Hors un stagiaire n'est pas censé être seul surtout en extérieur.
-Sacrifier ses vacances car beaucoup de périodes ou il est souvent impossible de poser en raison des contraintes du métier et souvent des périodes extrêmement courtes.
-Un dépassement très régulier des temps de travails parfois non rémunérés ou récupérés!!
-Un sérieux bagage de compétences en raison de la forte saturation des candidats.
-Une forte implication financière de départ pour se payer le véhicule, les études etc...
-Une forte implication personnelle pour apprendre les
-Des emplois souvent très instables (CDD avec souvent peu de reconductions possibles, intérim...)
-Il faut parfois payer son propre matériel pour travailler.
Aujourd'hui, il n'existe aucun corps de métier aussi peu rémunérateur et avec de telles exigences pour les premier stages. (Certains ne se cachent même pas de leur démarches de rechercher la main d'oeuvre la moins chère possible...) un stage sert à mettre en oeuvre les compétences étudiées en classe mais pas que... c'est aussi un moyen d'apprendre de nouvelles choses et d'apprendre un métier. Deux point quasiment absents dans trop de cas. Alors oui il ne faut pas espérer gagner des fortunes mais ou se situe cette conception? Car il ne faut pas oublier que l'argent reste le nerf de la guerre...
Si je prends en comparaison avec mon métier de paysagisme en fonction publique je gagne autant qu'un +5 si ce n'est plus et ou on ne m'a pas demandé de savoir faire un massif à la Versaillaise dès mon premier jours de stage ni même de savoir pousser une tondeuse lors de ma reconversion pro, et je n'ai aucune contrainte de véhicule ou de vacances (au contraire j'en ai tellement que je ne sais plus quoi en faire...). Il en va autrement dans le milieu pro (et encore je me dis que je n'avais pas choisis la bonne boite) mais ça n'atteint pas de telles proportions.
Si je trouve cette situation dramatique c'est pour plusieurs raisons.
-Il n'est aujourd'hui pas possible de vivre d'amour et d'eau fraiche. Hors l'entretiens d'une voiture, d'un logement et le remplissage de son frigo c'est le calcul pratiquement impossible dans certaines zones ou tout a fortement augmenté. Certains ne pouvant même pas s'offrir de vacances.
-Ce milieu n'est pas du tout valorisant et je suis même assez étonné que 12 ans après les candidats ne manquent pas (mais jusqu'à quand cela va durer?)
-Y a t-il un intérêt de pousser si loin ses études et ses contributions personnelles pour une récompense qui n'est pas à la hauteur?
-L'environnement qui pourtant doit être considéré de nos jours tombe aux oubliettes.
-Il est presque préférable de faire de l'entomologie ou tout autre type d'activité naturaliste en amateur et d'avoir un autre métier à côté permettant de la financer comme dans mon cas.
En clair, beaucoup de connaissances techniques spécifiques bien mieux rémunérées ailleurs sauf à s'exporter à l'international ou cela semble plus gratifiant.
Voila voila ce n'est probablement qu'un constat mais étudiant la question depuis plusieurs mois maintenant j'estime avoir eu le recul nécessaire pour en parler.
